Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ont discuté vendredi dernier. Ce n’est pas un scoop. C’est le leader de l’opposition lui-même qui a expliqué que le Premier ministre l’a appelé pour le « consulter au sujet d’une nomination ». Malheureusement,  aucun des journalistes présents à la conférence de presse du MMM, ce samedi, n’a saisi la balle au bond pour lui poser LA question : est-ce qu’ils ont koz koze de politique ? On finira par le savoir.

Ce qu’on sait déjà. C’est que le patron des mauves semble très pressé de « close the deal » avec le MSM d’ici fin mars. Si on en croit ses proches collaborateurs, tout va y passer : du positionnement des candidats dans les 20 circonscriptions au nombre d’ambassadeurs et nominés politiques auquel chaque parti pourra prétendre, en passant – semble-t-il –  par les premiers projets de loi majeurs qu’un futur gouvernement MSM-MMM présentera au Parlement.

Plusieurs observateurs, y compris des mauves, se posent toutefois une question : pourquoi cet empressement ? Surtout quand on sait que les élections générales seront organisées fin 2014 au plus tôt ou en octobre 2015 au plus tard. Figer ainsi certains détails aussi longtemps à l’avance expose le MMM à des déconvenues internes et externes.

A l’interne, Bérenger risque de démotiver les potentiels candidats MMM exclus de la course une fois la répartition générale des tickets et postes effectuée. A l’externe, il donnera à Ramgoolam suffisamment de préavis pour étudier l’ordre d’attaque des troupes adverses et préparer une riposte. Y compris en allant séduire les mécontents d’en face !

Il y a toutefois une autre manière de voir cet emballement. Pour cela, il faut tenir pour acquis qu’un MSM affaibli consentira à des sacrifices majeurs afin de conduire le Remake aux prochaines élections. Si c’est le cas, il y a fort à parier que Bérenger est en passe d’obtenir le meilleur deal possible auprès du MSM. Mais ce best deal en main, Bérenger a toujours le loisir de négocier un « mari deal », cette fois-ci avec… le PTr.

Ramgoolam sait pertinemment que malgré les congratulations publiques, le tandem Paul Bérenger/Pravind Jugnauth cahote. Le patron du Parti travailliste n’est cependant pas naïf. Les leaders politiques sont aguerris à l’art du « pez nene bwar dilwil ». Si Bérenger se sait parti pour gagner au sein du Remake, il y a peu de chances qu’il laisse son animosité pour Pravind Jugnauth miner le chemin vers la victoire.

Navin Ramgoolam devra donc être autrement plus inventif pour faire exploser le Remake de 2000. « On peut trouver un accord, mais il ne faut pas trop en demander. Pourquoi vais-je lui donner l’avantage ? Je peux très bien attendre 2015 et la fin de mon mandat », nous confiait, en août 2012, le Premier ministre. A trois ans de l’échéance électorale, le Premier ministre pouvait décider de ne faire aucune concession. Peut-il toutefois tenir la même position de négociation en février 2014 ? Probablement pas. Bérenger le sait.

Son best deal avec le MSM en main, le leader des mauves peut enfin tenter d’arracher un mari deal à Navin Ramgoolam. En août 2012, les proches de Bérenger lançaient un « c’est trop beau pour être vrai », en découvrant l’offre sur la table. Il s’agissait alors d’un Remake du Remake de 2000… mais avec le PTr. Et un Navin Ramgoolam se retirant [avec certains pouvoirs] au Réduit après trois ans.

Ce qui était trop beau pour être vrai en 2012 est-il devenu réaliste aujourd’hui ? Si on en croit l’un de ses lieutenants, Bérenger s’était volontairement éclipsé très tôt de la commémoration de l’abolition de l’esclavage ce 1er février. Afin de ne pas se retrouver en compagnie de Ramgoolam et ainsi alimenter la moindre spéculation. Deux semaines plus tard, c’est en choisissant d’évoquer le sort de la République sarhaouie – préoccupation majeure des Mauriciens s’il en est – que Bérenger a trouvé moyen de révéler qu’il a discuté avec le Premier ministre.

Discussion purement formelle de Premier ministre à leader de l’opposition ? Coup de semonce en direction du MSM ? Ou alors annonce de la reprise des koz koze avec le meilleur ennemi ? On le saura d’ici la tenue de la prochaine assemblée des délégués du MMM dans un peu plus d’un mois. Un temps largement suffisant pour faire ou défaire des deals.

Facebook Comments