Il y a un peu plus de cinq ans, l’objectif de Navin Ramgoolam était de prévenir une alliance MSM-MMM « at all costs ». Désormais, c’est le remake de 2000 que le Premier ministre doit faire éclater à tout prix. Car malgré ses fanfaronnades, Navin Ramgoolam ne peut nier l’évidence : se retrouver face au tandem sir Anerood Jugnauth (SAJ)/Paul Bérenger lors d’une prochaine élection générale comporte des risques.

Ramgoolam se décrit volontiers comme un homme qui n’oublie pas. Le souvenir de sa défaite de septembre 2000 doit donc être vif et probablement toujours douloureux. Quelques semaines avant le scrutin d’alors, il  croyait tenir une victoire facile. Ses sondages le lui disaient, ses services de renseignement le confirmaient. Puis le 11 septembre, les urnes livraient leur verdict : un cuisant 54-6 pour le duo Navin Ramgoolam/Xavier Duval.

Inexpérimenté, traînant l’image de dilettante, Ramgoolam n’avait pas été pris au sérieux pendant son premier mandat. Pire, les émeutes de Kaya en février 1999 avaient achevé de convaincre une bonne partie de la population que Navin Ramgoolam était incapable de prendre les décisions qui s’imposent afin de faire régner l’ordre dans le pays.

S’il y a une personnalité politique dont la marque est forte sur la question de l’ordre et la paix, c’est bien SAJ. D’ailleurs, l’actualité le sert depuis le début de l’année. Avec les récents cas de crimes atroces, SAJ a l’occasion de cultiver sa différence d’approche sur la question. Allant jusqu’à expliquer, samedi dernier, qu’il réinstaurera sans hésiter la peine de mort si jamais il a la majorité parlementaire pour.

Parallèlement, le remake de 2000 cherche à reconstituer l’image de dilettante du Premier ministre. Elle le fait en ce moment en évoquant la « disparition » de Ramgoolam à l’issue du sommet de Davos, fin janvier. Elle le fera demain, en campagne électorale, en exhumant et réexaminant le dossier Soornack dans les moindres détails.

Peu importe la hauteur que voudra alors prendre Ramgoolam face à l’opposition. Peu importe la maturité politique acquise depuis sa dernière confrontation avec la paire SAJ/Bérenger, il y a 14 ans. Ramgoolam aura beau énumérer les projets d’infrastructures majeurs concrétisés sous sa direction ou se féliciter d’une performance économique honorable malgré la crise, les prochaines élections se joueront inexorablement sur les thématiques de  law and order et des valeurs morales.

Ramgoolam doit se savoir en difficulté sur ces questions. Il ne perdra donc pas d’énergie à contre-argumenter. Il ira à l’essentiel : scinder le front de l’opposition. En faisant miroiter la contrepartie d’une alliance.

Même s’il ne faut jamais dire jamais en politique, les relations personnelles entre Navin Ramgoolam et SAJ sont bien trop dégradées pour qu’ils envisagent de retravailler ensemble dans un avenir proche. C’est donc en direction de Bérenger que le Premier ministre concentrera ses manœuvres de séduction. Que pourrait faire Ramgoolam et quels sont ses chances de succès ? C’est ce qu’il faut analyser…(à suivre)

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