Il a été rendu public aujourd’hui. Le rapport sur les salaires et conditions de service à la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) était très attendu.

La hausse des salaires se situe dans une fourchette de 8% (cadres) à 10% (ceux touchant les plus bas salaires). Le coût : Rs 44,4 millions. Suivant les 25% intérimaires déjà payés en décembre dernier, le reste sera déboursé en trois tranches consécutives à partir du 15 le mois prochain. Soit en mars, en avril puis en mai.

La Mauritius Broadcasting Services Staff Association (MBSSA) se dit, de manière générale, favorable aux recommandations du Pay Research Bureau (PRB). Bien que le syndicat soit toujours en train d’étudier les détails du rapport.

« Il faut remettre les choses en perspective », estime Jankee Teka. « Suivant le rapport de 2013, la direction d’alors avait provoqué une grande frustration avec des promotions non justifiées, des ‘overlapping of duties’… Il y a eu pas mal de maldonnes que le présent document vient rectifier », insiste le président de la MBSSA.

Ce document, poursuit-il, vient corriger ces « anomalies ». Tout en préparant la MBC à « faire face à un environnement de plus en plus compétitif et à des nouveaux défis dans un paysage médiatique en constante mutation ».

Le PRB a d’ailleurs été très critique par moments. Le rapport souligne ainsi que certaines décisions ont fait fi des principes de bonne gouvernance et des provisions du PRB, ce qui a eu de « graves incidences » sur les salaires alloués à certains grades et la structuration des postes.

« En exerçant leurs prérogatives, les conseils d’administration doivent s’assurer qu’ils n’empiètent pas sur les responsabilités d’autres organismes ou institutions. » (la suite du texte plus bas)

Salaires élevés pour qualifications moindres

L’un des points saillants du rapport : il s’attaque à un délicat exercice de ré-équilibrage des fonctions et des salaires. Les révisions, selon le PRB, pour certains schemes of service sont « conséquentes ». Le PRB prend le soin de préciser qu’elles doivent surtout prendre en compte les responsabilités rattachées aux postes, et non « l’expérience et les aptitudes des titulaires ».

Le rapport insiste sur l’introduction de qualifications précises pour divers postes et grades intermédiaires, que ce soit pour le recrutement ou les promotions. Soulignant qu’actuellement, « le salaire accordé ne correspond pas au niveau des fonctions et responsabilités » dans certains cas.

Le rapport note, par exemple, l’écart entre ce que perçoit un journaliste reporter d’images et un magistrat ou un chargé de cours à l’université. Ou encore les rémunérations de départ d’un Broadcast Technologist, détenteur d’un Higher School Certificate et d’un City and Guilds Technician Certificate, largement supérieures à celles que percevrait le détenteur d’un master dans la fonction publique.

Le poste de Broadcast Technologist avait été sujet à de nombreuses polémiques en interne, explique Satyen Bhuruth, secrétaire de la MBSSA. Du jour au lendemain, des freelances avaient aussi été promus à ce poste. Du personnel avait été recruté sans appel à candidature, comme le souligne d’ailleurs le rapport du PRB.

Au vue des pratiques adoptées pour ce recrutement et des circonstances l’entourant, il y a un « besoin urgent d’examiner cette question », indique le PRB.

Les allocations de présence

Au chapitre des allocations, certaines ont été éliminées car injustifiées. Le PRB a été très critique des allocations de présence que percevait jusqu’ici l’ensemble des employés. Soit l’inducement allowance pour inciter le personnel à se rendre au travail et l’attendance bonus, en plus d’une allocation pour les heures supplémentaires.

Or, « ailleurs dans le secteur public, ce type de ‘schemes’ n’existe pas », est-il écrit dans le rapport. « Des services essentiels comme la police, la santé et les pompiers fonctionnent sans heurts » sans de telles primes.

Pour rectifier cette situation, le PRB recommande la réintroduction d’une Earned Regularity Allowance. Pour ceux qui sont sur shift et qui font 10 à 15 heures supplémentaires par semaine. Une mesure ne touchera désormais que les Core Services, indique Satyen Bhuruth, et inclut un barème de salaires.

Paiement in toto : Une pétition circule
Le paiement par tranches ne réjouit pas tout le monde à la station de radiotélévision publique. Un mouvement de protestation a, en effet, démarré ce matin. Réclamant le paiement se fasse in toto, ainsi que l’aurait promis la direction, la première semaine de février.
Les protestataires récusent l’argument d’une situation financière délicate pour justifier le paiement en tranches. Arguant que la direction avait fait circuler, le 27 octobre dernier, une communication pour indiquer que le paiement pourrait se faire en deux tranches. Mais aussi que l’ex-Premier ministre sir Anerood Jugnauth s’est réjoui, en début d’année, du fait que la MBC s’était refait une santé financière.
Une pétition circule dans les couloirs de la station de Moka et a recueilli plus d’une centaine de signatures jusqu’ici. Elle sera remise à la direction, au président du board de la MBC et au Premier ministre la semaine prochaine.
La Mauritius Broadcasting Services Staff Association lance, de son côté, un « appel à la raison ». La direction, dit Jankee Teka, a opté pour un paiement échelonné par manque de cash flow. « C’était ça ou contracter un emprunt », explique le président du syndicat. Qui se demande si cela vaut la peine de plonger de nouveau la MBC dans un gouffre financier alors que chacun est sûr de recevoir son dû.

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