Les résultats sont tombés hier. Le fragment surnommé « Evangile de la femme de Jésus » est, selon toute probabilité, authentique. Ce bout de papyrus d’environ 4 cm par 8 cm – de la taille d’une carte de visite – serait une version d’écrits des disciples de Jésus datant du VIIIsiècle.

Ce qui a retenu l’attention et déchaîné les passions : « Jésus leur dit : “Ma femme…” » Une phrase jamais lue auparavant dans les évangiles reconnus, tout comme celle-ci, « elle pourra devenir mon disciple ». Cette dernière phrase avait d’ailleurs relancé le débat sur la possibilité pour les femmes d’être ordonnées prêtres.

Hier, jeudi 10 avril, la Harvard Divinity School (HDS) a publié de nouvelles découvertes concernant le morceau de papyrus, suite aux travaux d’une équipe interdisciplinaire comprenant des professeurs en ingénierie électrique, en chimie et en biologie des universités de Columbia et de Harvard, mais aussi du Massachussetts Institute of Technology. Elle conclut que le fragment ressemble à d’anciens papyrus datant de la période allant du IVau VIIIe siècle. L’université relaie aussi l’opinion de Leo Depuydt, professeur d’égyptologie à l’université de Brown, pour qui le fragment est un faux fabriqué à une époque beaucoup plus récente.

Karen Hing, de la HDS, rappelle que « l’Histoire n’est pas un lieu de certitudes ». L’historienne avait présenté le fragment il y a deux ans lors d’une conférence. Celui-ci avait laissé certains de ses pairs sceptiques. Ces derniers avaient même exprimé des doutes quant à son authenticité, évoquant les fautes grammaticales, les similarités avec d’autres évangiles, et des incohérences dans les caractères coptes utilisés.

scripte montage

Photo : Harvard Divinity School via The Atlantic

Le fragment, plutôt abîmé (d’où le texte incomplet – voir traduction plus haut), ne fournit aucune preuve permettant d’affirmer ou non si Jésus était effectivement marié. Dans un entretien cette semaine, Karen Hing indique : « J’espère que nous pourrons aller au-delà de la question de faux et aborder celles concernant l’importance de ce fragment dans l’histoire de la chrétienté, comme “Pourquoi le fait que Jésus était marié ou non est-il important ? Pourquoi les gens ont-ils réagi aussi violemment à cela ?” »

Les origines du papyrus ne sont pas claires, le propriétaire ayant souhaité garder l’anonymat. Celui-ci a déclaré à King l’avoir acheté, de même que cinq autres papyrus, d’un collectionneur en 1999, qui les aurait lui-même obtenus dans les années soixante en Allemagne de l’Est.

Sources : The Atlantic, The New York Times, The Boston Globe, Gospelofjesusswife.hds.harvard.edu

Photo : Karen L. King/Harvard University/Reuters via The New York Times

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