Un vent venu de Louisiane a soufflé, cette semaine, à Maurice. Notamment à l’Institut français de Maurice (IFM) où, pour reprendre les propos de l’ambassadrice US Shari Villarosa, « la version américaine de la musique créole » était donnée à voir et à entendre en live. De la touffeur des bayous s’est élevée une musique enlevée, portée par Lisa Haley et sa bande, The Zydekats.

Pour assurer la première partie, vendredi soir : Etaé, accompagné exceptionnellement du bluesman Eric Triton au ukulélé. Une collaboration des plus heureuses qui a mis en lumière le « melanz tou kouler » de même que l’identité forte du groupe à travers les différents titres de son album Parfin ou loder, de nouveaux sons et une reprise forcenée, pour conclure, de Ces gens-là de Brel. Avant de laisser la scène à Lisa Haley & The Zydekats.

Etae

La chanteuse, l’archet alerte, le timbre grave ponctué d’accents aigus, investit l’espace. Sautille, pétille, frétille tel un feu follet, animée de la magie du bayou et de la folle bonne humeur des festivités du Mardi gras. Son violon bleu entame un dialogue avec l’accordéon de David Fraser (qui a aussi fait un featuring sur Inhambane d’Etaé). Celle qui a fait ses armes aux côtés des grands du Cajun way, esquisse des pas de danse avec son bassiste Andy Anders, titille le jeune batteur Cameron Tyler. Pose un genou à terre pour laisser l’un ou l’autre prendre son envol. Le groupe fait lancer les traditionnels colliers de perles du Mardi gras, distribue des billets d’un million de dollars. Et nous accueille tous, « ‘cause we’re all family (…) part of a great big swamp ».

Les thèmes traditionnels du zydeco et de la musique cajun sont revisités allègrement, aux côtés de morceaux plus contemporains, teintés de jazz, de blues, de folk ou encore de RnB. Cajun, zydeco… des musiques qui se revendiquent créoles car nées du croisement de la culture acadienne (descendants de colons français) et de celle des Noirs… Les titres sont pour la plupart tirés des différents albums de Lisa Haley, dont King Cake, nominé en 2008 au Grammy Awards, et le dernier-né, Joy Ride. Le point d’orgue de presque trois heures d’un véritable festival sonore : le jam, à la fin, avec Etaé et Eric Triton. Le plaisir est évident, bouillonnant, débordant.

Avec ces gens-là, on chante, on danse, on partage, on échange. La bande à Lisa Haley s’est ainsi rendue, jeudi, au siège de Vent d’un rêve, à cité Mangalkhan. Cette association, qui a bénéficié de l’Ambassador’s Self-Help Program, dispense des cours de musique aux enfants de la région. Les musiciens en herbe ont joué pour leurs aînés américains qui en ont fait de même en plus de les initier à certains instruments, dont le frottoir (rubboard).

Vendredi matin, c’est devant les enfants du Lois Lagesse Trust Fund School  for the Blind, à Beau-Bassin, que le groupe s’est produit. Avant d’animer, à la mi-journée, un concert à l’intention des collégiens du Sud à l’amphithéâtre de Pointe-Canon, organisé en collaboration avec le ministère de l’Education et celui des Arts et de la Culture.

Le périple indiaocéanique de Lisa Haley and The Zydekats, qui s’inscrit dans le cadre d’un programme d’échange culturel du gouvernement US, ne concerne pas que Maurice. La semaine dernière, ils participaient au carnaval international des Seychelles. Et depuis hier, ils sont chez nos compatriotes de Rodrigues, chez qui ils ont animé un atelier à l’intention des musiciens locaux. Les Rodriguais auront l’occasion de les voir sur scène aujourd’hui, à Mon-Plaisir. Il y a sept ans, l’ambassade américaine nous faisait découvrir le zydeco à travers Terrance Simien and the Zydeco Experience dans le cadre d’un programme similaire.

Chez ces gens-là, on chante, on danse, on partage, on échange.

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