L’exercice d’abattage sélectif de chauves-souris reprendra aujourd’hui. Cette fois-ci, les officiers de la Special Mobile Force se rendront dans des vergers de l’île. Entre 18h et 6h du matin, et ce jusqu’au 23 décembre, ils seront à l’affût des roussettes venues se gorger de fruits.

Cette opération fait suite aux nombreuses plaintes des planteurs de fruits qui avancent que leurs vergers, notamment les plantations de letchis, sont ravagées par ces mammifères nocturnes. Selon le service de presse du ministère de l’Agro-industrie, 10 000 renards volants sur les 65 000 recensés seront abattus.

« Nous nous sommes basés sur les données de l’International Union for Conservation of Nature avant de décider du nombre de chauves-souris à être abattus », explique notre interlocuteur.

Y a-t-il eu consultation avec cet organisme international ? Celui-ci « fait aujourd’hui autorité au niveau international sur l’état de la nature et des ressources naturelles dans le monde et sur les mesures pour les préserver », indique son site Web.

L’IUCN s’était prononcé contre une opération similaire, l’année dernière. Le nombre de roussettes éliminées : 30 938 [voir les pp. 49-50 du Hansard].

« L’abattage a été décidé uniquement par le ministère. Nous estimons pouvoir prendre cette décision sans entamer de discussions avec d’autres organisations », insiste le service de presse de l’Agro-industrie.

Mahen Seeruttun avait aussi indiqué, le 21 novembre dernier, que l’IUCN n’avait pu indiquer le nombre minimum de roussettes nécessaires pour en assurer la survie. Elle est classée espèce protégée à Maurice.

Du côté de la Mauritian Wildlife Foundation (MWF), la position reste inchangée : cette mesure, soutient l’organisation qui se consacre à la conservation de la faune et de la flore, est « inutile » et « cruelle ».

L’abattage des chauves-souris ne résoudra pas le problème des planteurs ni ne limitera les dommages causés dans les vergers, réaffirme le Dr Vikash Tatayah. L’unique solution, selon le Conservation Director de la MWF : l’utilisation de filets protecteurs, seule option efficace. Et de surcroît subventionnés par l’Etat, rappelle Vikash Tatayah.

« Les chauves-souris ne sont pas les seules à ravager les vergers. Des dégâts sont aussi causés par des oiseaux, des rats et des maladies », explique notre interlocuteur.

L’abattage se fera dans les vergers ? « 60 à 70% des arbres fruitiers se trouvent dans les arrière-cours », réplique le Conservation Director. Cette opération, dit-il, n’aura donc « aucune incidence sur les dégâts causés d’autant plus que la saison des letchis touche à sa fin ».

Outre de promouvoir l’utilisation des filets, la MWF compte aussi alerter l’opinion publique, d’autant plus que l’opération se tiendra pendant la saison des naissances.

« La roussette est passée du statut d’espèce menacée à celui de vulnérable, ce qui est une légère amélioration », note Vikash Tatayah. « Cependant, il y a de fortes probabilités qu’elle soit à nouveau considérée comme espèce menacée suite à l’abattage. »

Le Dr Tatayah soutient aussi que l’IUCN a adopté une motion condamnant l’abattage des chauves-souris dans le monde entier et cette motion aurait été adoptée dans 97% des pays concernés. Selon lui, Maurice est l’un des rares Etats à avoir encore recours à cette mesure.

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