Le cardinal australien George Pell a été reconnu coupable sous cinq charges de crimes sexuels sur des mineurs de moins de 16 ans. Sa sentence sera connue la semaine prochaine. Il encourt jusqu’à cinquante ans de prison.

La condamnation remonte à décembre 2018 mais faisait l’objet d’un blackout médiatique. La raison : une ordonnance de suppression du tribunal de Melbourne. Les médias ne pouvaient donc rien publier sur cette affaire sans risquer des poursuites, rapporte The Guardian.

La cour avait émis cet ordre afin de protéger le jury d’un second procès. Le cardinal Pell devait, en effet, être jugé pour d’autres faits allégués. L’accusation a cependant renoncé à ces poursuites, ce qui a eu pour conséquence de lever l’ordonnance aujourd’hui sur la première affaire.

George Pell est no 3 au Vatican car à la tête du secrétariat pour l’économie du Saint-Siège. Il avait pris congé de ses fonctions au Vatican pour se défendre. Il faisait partie du Conseil des cardinaux jusqu’en décembre 2018, quand celui-ci a été remanié.

Depuis sa condamnation, Pell était en liberté conditionnelle. Il avait subi une opération au genou. Il pourrait être arrêté demain.

Il est accusé d’attouchements et d’agressions sexuelles sur deux garçons, des enfants de chœur alors âgés de 13 ans. Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés entre décembre 1996 et début 1997 à la cathédrale de St Patrick, quelques mois à peine après l’ordination de Pell comme archevêque de Melbourne.

L’homme religieux a toujours récusé ses accusations. L’une des deux victimes est décédée en 2014. L’autre victime, la trentaine, a témoigné au procès.

Dans un point de presse ce mardi 26 février (ici, en italien), le Vatican confirme qu’il est interdit à Pell d’exercer comme prêtre et d’être en contact avec des mineurs depuis 2017. Une interdiction en vigueur jusqu’à l’épuisement de ses recours légaux. Pell a fait appel du jugement il y a cinq jours.

Le média australien Nine News est revenu sur le parcours de George Pell. Rappelant notamment ses positions très conservatrices, parfois dures, sur l’homosexualité et les femmes, son opposition à la contraception et le fait qu’il se disait ardent défenseur des vœux de célibat pour les prêtres.

La Commission royale australienne chargée de l’enquête sur les réponses institutionnelles aux crimes pédophiles avait révélé, en 2017, que 7% des prêtres catholiques en Australie avaient été accusés d’abus sur mineurs entre 1950 et 2010 sans qu’il y ait pour autant d’enquêtes. George Pell, dont le rôle a été sévèrement critiqué, avait témoigné trois fois devant la commission. S’il avait concédé d’«énormes erreurs» de la part de l’Eglise catholique, le prélat s’était cependant défendu d’avoir protégé des prêtres pédophiles.

La nouvelle de la condamnation de Pell intervient quelques jours après le sommet extraordinaire de quatre jours, au Vatican, de cardinaux en présence du Pape sur la lutte contre les abus sexuels au sein de l’Eglise catholique. Le pape François a reconnu les torts immenses causés et affiché de nouveau sa détermination pour affronter ce fléau au sein de l’Eglise… tout en blâmant Satan.

A la mi-février, l’ancien archevêque de Washington et cardinal Theodore McCarrick a été défroqué car trouvé coupable d’abus sexuels sur mineurs.

Photo (Alexey Gotovskyi/ Catholic News Agency) : 

Facebook Comments