Le 31 décembre, un homme de 45 ans, amoureux de sa belle-sœur, n’aurait pas supporté qu’elle se fiance à un autre. Il aurait commandité une attaque à l’acide contre elle. Les deux enfants de la jeune femme sont aussi brûlés. Son fils de 7 ans est décédé samedi.

Le 13 janvier, à Plaine-Verte, un adolescent impliqué dans un accident de la route est roué de coups par les occupants de la voiture.

Le 17 janvier, des habitants s’entre-déchirent à Baie-du-Tombeau. Coups, armes, insultes.

Le 18 janvier, un habitant de St-Pierre est agressé au sabre par sa concubine.

Cette même semaine, un habitant de Riambel est lynché après un vol.

La liste est malheureusement nettement plus longue.

Selon le Larousse de Psychologie (2000), la violence est « une force brutale qu’un être impose à d’autres pouvant aller jusqu’à la contrainte exercée par l’intimidation ou la terreur. Elle est aussi représentée par toutes les conduites agressives qu’un sujet plus fort physiquement ou moralement fait subir à un plus faible : mauvais traitements (enfants maltraités, négligés), sévices sur un conjoint ou même une action criminelle pouvant aller jusqu’au viol, jusqu’au meurtre ».

C’est une agression physique ou psychique, appliquée pour faire du mal à autrui (Baron & Richardson, 1994).

Selon le sociologue et criminologue Muchielli en 2012, les définitions sont changeantes. Ce qui était jadis considéré comme tolérable devient intolérable : les violences sexuelles, les agressions à caractère raciste/homophobe, la violence conjugale, etc.

Ces « faits divers » que la presse locale véhicule quotidiennement relèvent bien de la violence. Physique, verbale et sexuelle.

La violence semble être malheureusement l’un des seuls moyens de s’exprimer ou de régler des conflits pour de nombreux Mauriciens.

Parmi les facteurs explicatifs de la violence, les recherches relèvent une inaptitude à affronter le stress, une incapacité à mettre en mots ce qui est vécu, un manque de «coping skills » pour faire face à des situations difficiles, des traumatismes tus, etc.

L’apprentissage de la violence comme mode d’expression à l’école ou dans les familles la normalise et la banalise.

N’est-il pas temps de développer ces habiletés sociales dans le cursus scolaire et dans les familles ?

N’est-il pas temps d’apprendre à mettre des mots sur notre colère, notre peur, notre tristesse ? Au lieu de les traduire en actes ?

N’est-il pas temps d’acquérir d’autres moyens d’expression ?

Etre en contact avec ce qu’on ressent. Apprendre à l’exprimer dans le respect de soi, de l’autre et de l’environnement, est l’une des solutions efficaces pour éviter le recours à la violence.

Depuis 30 ans, la violence physique diminuerait en France, même si elle est de plus en plus médiatisée (Muchielli 2012).

Des sociologues, Robert & al (2008), ont exploité des enquêtes de victimation réalisées entre 1984 et 2005 en France. Leurs analyses rejoignent celle de Mucchielli.

Elles montrent que :

  • Les violences (sur les enfants, de couple, entre collégiens, etc.) n’augmentent pas. Elles ne sont plus considérées comme normales. Et sont de moins en moins tolérées.
  • Les violences sont plus dénoncées.
  • La « violence de basse intensité » (menaces, injures, racket…) et la violence verbale augmentent.
  • Il y a une intensification du recours à la police pour régler les conflits de la vie sociale : conflits de voisinage, bruits nocturnes, etc.

La situation à Maurice serait-elle pour autant inquiétante ?

Selon un sondage DCDM-l’express dimanche publié le 9 juin 2013, 90 % des Mauriciens ont la perception que la violence augmente.

Qu’en est-il réellement ?

La violence est, certes, dénoncée à Maurice. Mais les événements relatés dans la presse sont loin de mettre en évidence toutes les situations de violence tues. Les chiffres de la police ou autres instances ne sont qu’indicatifs. Ils ne suffisent pas pour donner une représentation réaliste de la situation. Notamment dans les trop nombreuses situations de violence intrafamiliale qui restent secrètes.

Dénoncer la violence est positif car elle n’est en aucun cas normale, ni acceptable.

Les conséquences de toute forme de violence sont graves.

Il y a néanmoins une différence entre la perception d’insécurité et la situation sociale qualifiée d’alarmante par certains.

Il importe d’investir dans la recherche à Maurice. Des enquêtes de victimation sont nécessaires. Pour une  meilleure compréhension de la situation. Et pour des solutions adaptées.

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