La famille, selon le Larousse 2006, est « un ensemble formé par le père, la mère (ou par l’un des deux) et les enfants ». Elle peut être nucléaire/conjugale ou élargie.

La place de la famille à Maurice pose question. Et mérite que l’on s’y attarde quelque peu.

La famille est sacrée, dit-on. Certes, le lien social, l’attachement, l’amour inconditionnel qui devraient être vécus entre un enfant et ses parents, sont idéals. La famille peut être le lieu de réponse aux besoins fondamentaux de tout enfant : être en sécurité, nourri, soigné et aimé. Elle est alors la base de confiance en soi, puis en l’autre, le lieu de transmission de valeurs, de positif.La famille peut alors être un ATOUT PRIS.

Dans plusieurs groupes sociaux, le choix du conjoint est effectué par la famille. Certains membres doivent donner leur aval avant une union. Aval implicite ou explicite. Aval capital pour éviter d’être banni, rejeté, exclu du groupe. Facteur pesant parfois plus lourd que le choix individuel. Voire que le bonheur.

L’absence de questionnement des propos des aînés, de leurs choix, pose question. Sous prétexte du « respe bann gran dimoun » ou du « c’est ta mère quand même ! Elle sait ce qui est bon pour toi ». Ou alors, « il faut faire plaisir à mes parents. Ils sont âgés ».

Dans ces situations où la famille élargie choisit, impose, décide : elle prend quoi ? La liberté individuelle ? L’épanouissement personnel ?

Si ces choix sont affirmés et source de plaisir, soit. Mais la famille peut tout prendre dans ces situations où l’individu disparaît au prix du groupe.

La famille : A QUEL PRIX ?

Les femmes victimes d’homicides ont été tuées pour 85 % d’entre elles par leur mari, partenaire ou intime proche (Coutanceau, 2006). Aux Etats-Unis, selon le FBI, ⅓ des femmes victimes d’homicide ont été tuées par leur partenaire (Mercader, Houel, Sobota 2008).

A Maurice, en 1997, la loi de protection contre la violence domestique(The Protection from domestic violence Act) condamne les actes de violence entre conjoints : coups ou volonté de porter des coups (ou blessures) à l’encontre du conjoint ; les menaces ou volonté de menacer de coups le conjoint ou ses enfants, etc. L’amendement apporté à la loi en juin 2004 élargit ces dispositions à toutes les personnes vivant sous un même toit.

La famille nucléaire et élargie est-elle toujours sacrée quand autant de violence est intrafamiliale ?Quand autant de violence est tue et acceptée pour un semblant d’unité familiale ?

Quand le manque de respect et d’amour prime ?

Selon Pr. Goddard en avril 2013, la famille idéale, « best and safest place » est un mythe. C’est une « scène de crime » en ce qui concerne la plupart des abus sexuels. Plus de 80 % des abus sexuels sont de l’ordre de l’inceste : actes sexuels entre proches impliquant la famille de sang, la famille par adoption, la belle-famille. Créant une confusion des rôles, des générations, en plus des conséquences physiques, psychologiques, sociales et sexuelles.

Se taire pour protéger un agresseur membre de la famille. Faire semblant que tout va bien, que la famille est unie, à quel prix ? Au prix de la destruction d’enfants victimes ?

La famille peut, dans certains cas, être un atout. Mais certainement pas à tout prix. Certainement pas au prix du bien-être. Certainement pas au prix du renoncement de soi. Certainement pas quand elle veut tout prendre ou a tout pris.

On pourrait penser, et cela serait acceptable, faire « le deuil de la famille idéale », pour reprendre les propos de Martine Nisse (novembre 2013). Il est temps de repenser les relations. Repenser les temps de visites familiales imposées pour qu’elles soient désirées.Revoir les relations bénéfiques et constructives. Incluant ou non la famille. Donner plus de place à la famille de cœur. Famille idéologique ou spirituelle. Dont le choix des membres s’est posé en pleine conscience.

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