Le bruit d’une action imminente de la Banque de Maurice (BoM) courait depuis quelques jours. Tard dans la nuit de jeudi à vendredi, le couperet est tombé. « Dans l’intérêt public » et en raison de « carences notables remontant  à 2012 », la banking licence de la Bramer Banking Corporation (BBCL) est révoquée avec effet immédiat. La décision fait suite à un audit menée par la Banque centrale à la BBCL du 22 janvier au 20 février. Tard dans la nuit, des policiers ont été déployés devant le siège de la banque à Port-Louis, afin de sécuriser les lieux avant la venue sur place d’André Bonnieux et de Mushtaq Oosman. Ils ont été nommés comme administrateurs judiciaires de la Bramer par la BoM.

L’audit du régulateur du secteur bancaire a permis de déterminer que le retrait de fortes sommes d’argent déposées à la Bramer a placé l’institution dans une situation précaire en terme de liquidités. Une situation d’autant plus grave car elle a été accompagnée de l’incapacité de cette banque à lever des fonds sur le marché interbancaire. Qui permet aux banques commerciales de se prêter de l’argent entre elles. Depuis le 5 mars, le cash reserve ratio de la Bramer est également descendu en deçà du niveau qu’impose le régulateur. Compromettant ainsi sa capacité de payer tous ses clients en cas de retraits massifs de l’argent qu’ils y ont déposé.

Placée devant les conclusions de l’audit, la Bramer a été incapable, selon la BoM, de démontrer sa capacité à régler ses problèmes de capital et de liquidité. Amenant ainsi le régulateur à conclure que le maintien en opération de la banque va à l’encontre des intérêts de personnes y ayant déposé de l’argent et du grand public en général. Pire, la BoM estime que la situation prévalant à la Bramer pose de « sérieux risques systémiques au système financier local ».

C’est en application de la Banking Act de 2004 que le permis d’opération de la BBCL, octroyée le 27 août 2008, a été révoquée. L’article 17 du texte de loi prévoit, en effet, que la BoM peut procéder « en urgence ou dans l’intérêt public » à la révocation d’un permis d’opération. La Banking Act confère à la banque sanctionnée le droit de remettre en cause la décision de la BoM dans un délai de 7 jours. Le régulateur notifie alors la banque de sa décision finale sous 14 jours.

Ce mardi, Javed Bolah, le responsable de la communication de la BAI, principal actionnaire de la Bramer, s’était rendu au Central Criminal Investigation Department pour y porter plainte contre une personne qui avait posté une correspondance interne à la banque sur Facebook. Cette correspondance faisait état d’une directive interne enjoignant les responsables des filiales de la banque d’éviter que les clients effectuent d’importants retraits. Le recours à la police a eu lieu au moment où la place de Port-Louis grouillait déjà de spéculations sur la santé financière de la Bramer et aussi de quelques-unes de grandes enseignes sous l’étendard du groupe BAI.

communique BoM Bramer


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