Il est celui qui a donné au sega une autre sonorité : savant mélange avec le reggae de Marley, son seggae a révolutionné le paysage musical. Dix-huit ans après son départ, Joseph Reginald Topize, dit Kaya, s’impose toujours comme l’ambassadeur incontournable de notre musique, un monument culturel portant très haut le quadricolore mauricien.

Pourtant, avec un accompagnement artistique soutenu par l’Etat, comme c’est le cas dans le domaine sportif avec le Trust Fund for Excellence in Sports, le seggae de Kaya aurait sans nul doute grandi avec encore plus de force et de maturité durant son vivant. Et son auteur aurait pu éviter de faire de menus boulots pour subvenir aux besoins de sa famille. Il aurait pu se concentrer uniquement sur sa musique et manger à sa faim.

Si Kaya avait eu un statut d’artiste, sa créativité aurait pu être attestée par une loi. Son art aurait été considéré comme un métier, doté d’outils pour accéder à une rémunération. Avec la reconnaissance de la profession d’artiste, surgissent des droits comparables à ceux d’autres professions. Ce statut lui aurait ainsi permis d’obtenir une protection sociale. Kaya aurait été reconnu, soutenu dans son domaine.

Si la Copyright Act et sa mise en application avaient été à la hauteur des attentes des auteurs, compositeurs, arrangeurs, producteurs et éditeurs, les royalties auraient permis aux ayants droit comme Kaya de percevoir une redevance correcte. Les travailleurs culturels auraient pu vivre de leurs droits et de leur art, avec un réel retour sur investissement. Car une bonne application de la Copyright Act aurait réduit de manière drastique le piratage.

Avec une politique culturelle favorisant l’exportation de la musique locale en dehors de nos frontières, comme c’est le cas en France avec le Bureau Export, Kaya aurait pu se produire sur les plus grandes scènes de reggae et de la world music. Son charisme, son originalité et son seggae auraient conquis le monde.

Mais voilà, Kaya n’a jamais eu ces avantages. Dix-huit ans après sa mort, la situation est toujours la même pour les artistes locaux.

« Mais n’est-il pas temps pour Maurice d’être aussi connu pour ses artistes et sa création contemporaine ? », dit l’experte de l’Unesco, Vesna Čopič, récemment en visite chez nous. Et d’ajouter : « Il faut repenser l’approche en matière de politiques culturelles. Ce qui ne peut se faire sans le soutien des Finances. »

Ce genre de discours me donne de l’espoir, car je crois ces objectifs réalisables. Pour que demain, un autre talent comme Kaya puisse bénéficier de ses droits, obtenir véritablement une reconnaissance, et faire briller le drapeau national sur le monde…

Photo via ilemauricekaya.free.fr

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