Les Indiens ont cinq semaines pour choisir qui dirigera leur pays. Des élections qui se feront en neuf étapes, de pouvoir garantir la sécurité des bureaux de vote et des candidats. Près de 815 millions d’électeurs se rendront aux urnes pour désigner les 543 députés de la Lok Sabha. Le coup d’envoi est donné aujourd’hui dans les Etats de Tripura et d’Assam, au nord-est du pays.

Selon de récents sondages, le Bharatiya Janata Party (BJP) est bien parti pour remporter ces suffrages au niveau national. C’est que le parti au pouvoir, le Congress Party (la dynastie Gandhi), a vu sa cote de popularité s’effriter au fil des années, notamment à cause de sa politique économique et des affaires de corruption. Pour Jai Mrug, observateur politique indépendant basé à Mumbai, « l’image, le progrès et l’économie de l’Inde ont souffert du manque d’initiative » du gouvernement sortant. L’Inde a le taux d’inflation qui a connu la plus grande hausse en Asie alors que sa croissance a fortement ralenti. « Ce que les gens veulent, c’est la croissance et le développement », explique Jai Mrug.

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Photo (AFP/Chandan Khanna via Le Monde) : Rahul Gandhi (au centre), 43 ans, héritier de la dynastie Gandhi-Nehru. Peu expérimenté, à la tête du Congress Party qui peine à convaincre après dix ans au pouvoir, on lui prédit une défaite cuisante.

L’observateur est, en cela, rejoint par un groupe d’économistes de HSBC Holdings Plc, à Singapore, mené par Leif Eskesen. Ils soulignent, dans un rapport émis la semaine dernière : « Ce que nous pouvons espérer : que les défis que sont les questions de l’inflation et la croissance incitent les politiques à apporter les changements nécessaires pour l’amélioration de l’économie. » Mais comme le fait remarquer une habitante d’Assam se rendant aux urnes aujourd’hui, « nous avons besoin des bonnes personnes au gouvernement ».

L’espoir, pour beaucoup, est incarné par le BJP, mené par le controversé Narendra Modi. La bourse indienne est d’ailleurs repartie à la hausse depuis quelques semaines, les spéculations allant bon train sur le fait que Modi pourra former une coalition stable et relancer l’économie indienne – pour avoir la majorité absolue, il faut 272 députés. Le parti n’a présenté son manifeste électoral qu’aujourd’hui. Les idées motrices du programme, selon Modi (photo ci-dessous), sont « la bonne gouvernance et le développement ».

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Photo (AFP via NDTV)

Des moyens considérables ont été mis en œuvre pour le bon déroulement de ces élections : 919 000 centres électoraux à travers le pays, 3,6 millions d’urnes électroniques, quelque 300 milliards de roupies indiennes dépensées par le gouvernement, les partis et candidats… Faisant de ces élections les plus chères de l’histoire de la Grande péninsule. Des hélicoptères seront utilisés pour transporter la nourriture, et le staff électoral dans certaines régions reculées. Dans un village situé dans les montagnes de l’Arunachal Pradesh, seules deux personnes iront voter.

Le nombre de nouveaux électeurs s’élèvent à environ 100 millions, dont 23 millions âgés entre 18 et 19 ans. Pour Ashutosh Jindal, directeur général des élections dans l’Etat de Tripura, tout est mis en œuvre pour s’assurer de la tenue d’élections libres, régulières et pacifiques. Pour la première fois, le bouton NOTA (None of the Above) sera disponible pour ceux qui ne veulent voter pour aucun candidat. Les résultats seront connus le 16 mai prochain et le nom du prochain Premier ministre connu le 28.

Sources : Bloomberg, BBC, NDTV, The Guardian

Photo principale (Reuters via BBC) : Des habitants d’Assam, dans le nord-est de l’Inde, attendent pour pouvoir voter, ce matin.

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