Au moins 31 enfants sont décédés depuis ces dix derniers jours d’une encéphalite aigüe après avoir consommé des letchis. Les décès ont été rapportés dans deux hôpitaux dans l’Etat du Bihar réputé pour ses vergers de letchis, indique le quotidien britannique The Guardian.

Les autorités sanitaires indiennes soupçonnent une toxine se trouvant dans les letchis d’être à l’origine de ces drames, les enfants présentant des symptômes d’encéphalite aigüe, de même qu’une baisse subite du taux de glucose dans le sang. 40 enfants sont actuellement aux soins intensifs pour des troubles neurologiques graves, voire des troubles du comportement.

Surnommée «chamki bukhar», la maladie frappe annuellement cette région lors de la saison des récoltes depuis 1995 et a fait 150 morts, ce qui constitue un record, en 2014. Des études menées par des Américains et des Indiens ont établi en 2015 que les letchis contiennent une toxine, l’hypoglycine, qui inhibe la capacité de l’organisme à produire du glucose, et qu’elle affecte plus particulièrement les enfants souffrant de malnutrition.

Etant mal nourris, ils sont pris de convulsions, de perte de conscience et d’inflammation du cerveau lorsqu’ils consomment des letchis qui n’ont pas encore muri. Ce qui pousse les autorités indiennes à inviter à bien nourrir leurs enfants le soir et à contrôler leurs consommations de letchis. Des cas similaires d’encéphalopathie hypoglycémique ont aussi été notés au Bangladesh, en Thaïlande et au Vietnam.

Le National Centre for Disease Control (CDC) de New-Delhi, a publié dans le journal scientifique The Lancet il y a deux ans une étude démontrant que des toxines contenues dans le fruit provoquent une inflammation aiguë du cerveau chez les enfants. Ses chercheurs ont fait le lien avec la «maladie des vomissements de la Jamaïque» qui, elle, est provoquée par une phytotoxine produite par l’akée, un fruit proche du letchi, rapporte le quotidien français Le Monde.

De l’hypoglycine et de la MCPG (méthylène cyclopropyl-glycine) contenue dans les graines du fruit altère le mécanisme de production de glucose par les acides gras dans le corps. L’enquête du CDC de New-Delhi a aussi établi que bon nombre d’enfants malades n’avaient pas dîné la veille et gavaient de letchis avant d’aller dormir. Des chercheurs Américains et Bangladais mettent toutefois à l’index l’endosulfan, un pesticide, pour les encéphalites aiguës ayant entraîné la mort de 13 enfants âgés entre 1 et 12 ans au Bangladesh en 2012.

Dans leur étude publiée dans l’American Journal of Tropical Medicine and Hygiene en 2017, ils ont conclu que le syndrome ne vient pas de l’ingestion même des letchis mais de l’exposition et de l’ingestion d’un cocktail chimique utilisé dans les vergers. Les enfants arrachant la peau des letchis avec leurs dents.

Le cocktail de cypermethrin, de l’endosulfan, de l’alpha-cypermethrin et du lambda-cyhalothrin est aussi utilisé dans l’Etat du Bihar.

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