… qui n’avait pas vraiment navigué. A l’aube de ses 50 ans, le temps passé par le MMM au pouvoir est inférieur à 10 ans. Soit bien moins de la moitié de la période que les leaders du MSM et du Parti travailliste – anciens et actuels – ont passé au gouvernement. Si, dans le passé, l’opposition mauve a conduit des gouvernements à revoir leurs politiques ou à consentir à des avancées sociales, le MMM de 2019 n’exerce aucune influence majeure sur la scène politique. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que ce soient les faits et gestes de Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam qui soient scrutés en ce moment. Et non ceux de Paul Bérenger.

Pourtant quelques rêveurs, aveuglés par leur allégeance à leur leader ou les yeux encore écarquillés par leur arrivée récente au parti, pensent que le MMM est encore la grande formation politique d’antan. C’est ce postulat qui amène un courant désormais minoritaire dans les instances dirigeantes des mauves, à penser qu’ils gagneraient à aller seul aux législatives.

Le pari est facile à prendre. Si Bérenger convainc ses troupes de choisir cette stratégie, son parti ne rééditera certainement pas son score fort honorable de 2010. Quand un peu plus de 4 électeurs sur 10 avaient choisi le parti du coeur. En s’alignant seule pour les législatives de 2019, le MMM fera élire peut-être seulement la moitié des 18 députés First Past The Post lors des élections générales du 5 mai 2010.

Cette perspective ne réjouit en rien quelques cadors mauves. Ayant de bonnes chances de se faire réélire, ils trouvent répugnante l’idée de passer 5 nouvelles années dans l’opposition. Pour à nouveau y subir la frustration de leurs mandants, exaspérés par la relative impuissance de leurs députés hors-pouvoir à solutionner leurs problèmes pratiques du quotidien. C’est ce qui pousse d’importants membres du parti à sérieusement considérer un transfert vers une autre formation ayant de meilleures chances de diriger le pays. Un comble dans un parti qui méprise tellement les transfuges !

Face à ces menaces, qu’il sait réelles, Paul Bérenger maintient le cap. Il ne fait pas dans la nuance et s’en prend à Pravind Jugnauth alors en pleine euphorie de l’après jugement du Privy Council. Ce dimanche 10 mars à Rose-Hill, le chef des mauves fait une nouvelle fois dans le convenu et égrène les noms des proches du pouvoir «qui font honte» au pays. C’est une posture typique du leader des mauves. Attaquer systématiquement l’adversaire. Lui offrir une porte de sortie en identifiant quelques sacrifiés en puissance, dont l’exil prouve alors la «bonne volonté» de l’opposant désormais allié potentiel. C’est ce que Bérenger avait fait à peine quelques mois avant de conclure une alliance avec Navin Ramgoolam en 2014.

Refaire toujours la même chose et attendre des résultats différents est la définition de la folie, disait Einstein. Face à l’attitude de leur leader, une bonne partie des cadres du parti reprennent les mots que celui-ci utilisait à l’égard de Navin Ramgoolam en 2014. Qui allait être kicked upstairs à la State House pour permettre à l’alliance MMM-PTr d’alors de fonctionner sans élément perturbateur. Cinq ans plus tard, c’est Bérenger qui est l’élément perturbateur d’une éventuelle alliance MSM-MMM. D’où la nécessité de le mettre en quarantaine au Réduit, pensent plusieurs membres de son bureau politique.

Réussiront-ils à convaincre Bérenger, qui semble de plus en plus enclin à livrer son baroud d’honneur? Peut-être. Les agwa en puissance déjeunent déjà avec le patron des mauves. Avec l’espoir qu’ils ne seront pas menés en bateau.

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