C’est Lux Consult Mauritius Ltd qui s’occupera du Master Plan de Heritage City, a indiqué le ministre de la Bonne gouvernance et des Services financiers au Parlement, ce mardi 19 avril. Les services du cabinet conseil ont été retenus « récemment » sur les 11 offres reçues, a précisé Roshi Bhadain en réponse à la Private Notice Question axée sur le projet Heritage City.

Stree Consulting se chargera, pour sa part, du design. La compagnie dubaïote a d’ailleurs soumis un plan au Conseil des ministres, le 23 février dernier. A Paul Bérenger qui s’étonnait qu’il n’y eût pas de trace de cette firme ni de ses réalisations sur le Net, Roshi Bhadain s’est voulu rassurant. En insistant que le directeur-fondateur de cette firme, Saeed Ahmed Saeed, a conçu des projets importants à Dubayy, dont ceux des Palm Islands, de World Island et Jumeira Islands, ou les tours Petronas en Malaisie.

Dans le cadre de l’accord government to government sur ce projet avec Dubayy, c’est cet Etat qui a recommandé Stree Consulting. Celle-ci touchera 4,3 millions de dollars, soit plus de Rs 151 millions.

Le leader de l’opposition a renchéri, faisant valoir que l’Association des architectes de Maurice a, fin mars, protesté officiellement contre la nomination de Stree Consulting, estimant que cela a été fait sans suivre les procédures et en écartant les compétences locales. Procédures et loi ont été suivies à la lettre, a insisté Roshi Bhadain.

Il a à maintes reprises, fait ressortir que le High Powered Committee qui supervise le projet a pu étudier tous les documents requis avant de se prononcer, et que le Conseil des ministres a approuvé le projet. Du reste, les architectes locaux, a-t-il assuré, seront partie prenante du projet. Le recours aux compétences locales, que ce soit au niveau des « contracteurs » ou de la main-d’œuvre, « Les locaux seront une priorité ».

Financement mixte

Le coût total du projet est estimé à 800 millions de dollars, soit environ Rs 28,2 milliards. Un chiffre qui prend en compte les taux de construction à l’international et que le cabinet BDO a analysé.

Le montage financier prévoit ainsi que les 375 millions de dollars que devraient coûter les bâtiments publics et les infrastructures proviennent en partie d’un consortium de banques locales, a soutenu le ministre de la Bonne gouvernance. C’est la Heritage City Co. Ltd qui est chargée de lever les fonds. « Des discussions sont en cours et devraient être finalisées » prochainement, selon Bhadain.

Des Etats étrangers seront également mis à contribution sous forme de preference shares. Dans ce contexte, des pourparlers sont en cours avec l’Arabie saoudite et l’Inde, a encore indiqué le ministre. « Les termes de l’accord sont en passe d’être finalisés », a déclaré Bhadain sans toutefois pouvoir fournir plus de détails, « pour des raisons de confidentialité ».

Les services gouvernementaux – qui seront enfin modernisés avec notamment des outils technologiques, estime Bhadain – devront s’acquitter d’un loyer sur une période de 15 ans. Le temps que les actions soient rachetées par Maurice.

Quid de la dette publique ?

Si le centre de conférences est estimé à 50 millions de dollars, la partie habitation s’élève également à hauteur de 375 millions de dollars. Un segment qui sera « auto-financé », selon Bhadain car mis sur le marché selon le modèle de vente en état futur d’achèvement. Le ministre, devant les réserves de Paul Bérenger sur la clientèle pour ces propriétés, a affiché sa confiance qu’elles trouveraient preneurs, que ce soit au niveau des locaux ou des étrangers.

« Il n’est pas possible pour l’Etat mauricien, au vu de ses finances, d’emprunter plus pour investir », a martelé Bhadain. Celui-ci a rappelé nos engagements, notamment vis-à-vis du Fonds monétaire international, par rapport à la dette publique dont le taux est déjà élevé. « Nous n’avons pas d’autre choix que d’innover », a-t-il ajouté, pour financer « le premier projet de développement important depuis des années ». Et la formule proposée est « un moyen intelligent » de le faire.

« Quelles sont les garanties du gouvernement sur ce projet ? » a encore voulu savoir Paul Bérenger. En citant le fiasco des tours de Le Meritt Ellipsis. Heritage City, poursuit le leader de l’opposition, est fondé sur la « spéculation immobilière ». « Qui en assumera les risques ? » s’est-il interrogé.

« Le gouvernement ne donnera aucune garantie, a répliqué Roshi Bhadain. Le loyer qui sortira des poches d’un gouvernement pour aller dans ceux d’un autre gouvernement est la garantie. » Il n’y a pas non plus de risques, soutient-il, puisque la formule de cumulative fund shares qui sera privilégiée est considérée comme une equity et non comme une dette. Il n’y aura pas d’impact sur la dette publique, a fait ressortir Roshi Bhadain.

Tests en cours

Il n’y a pas eu de nouvelle étude de préfaisabilité pour Heritage City, a laissé entendre le ministre en réponse à Paul Bérenger. Cela avait déjà été effectué dans le cadre du projet initial de Highlands City, qui devait s’étendre sur une plus grande superficie (920 hectares), des deux côtés du Bagatelle Dam. La nouvelle ville sera située sur 140 hectares sur le côté gauche du barrage.

N’y a-t-il pas de risque à la sécurité, s’est de nouveau inquiété Bérenger, en raison de la proximité avec le barrage et des problèmes qui y ont été constatés ? D’autant que, poursuit-il, le projet du barrage, tout comme celui de la ville, ont été déplacés du site désigné à l’origine.

Des tests géotechniques sont en cours et la topographie des lieux est étudiée, a indiqué Roshi Bhadain. Qui ne voit toutefois pas pourquoi le site actuel ne conviendrait pas. Le ministre espère d’ailleurs pouvoir respecter, « à moins d’obstacles majeurs », l’échéance de juillet de cette année pour le premier coup de pioche. « Nous avançons vite et bien », a-t-il déclaré.

Un appel d’offres a été lancé le 10 mars pour les services d’entrepreneurs. 18 offres ont été reçues, dont 3 de firmes étrangères.

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