Le prince héritier saoudien a bien commandité l’assassinat de son plus virulent critique le 2 octobre dernier dans le consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul, en Turquie. Sept mois après la Central Intelligence Agency (CIA), c’est au tour des Nations unies de mettre à l’index Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Al Saud, dit MBS, dans la mort du journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a été invité par une rapporteure à ouvrir une enquête pénale internationale sur l’assassinat du Saoudien, considérant que c’est une «exécution extrajudiciaire». Dans son rapport de 100 pages publié ce mercredi 19 juin, Agnès Callamard indique qu’il y a des preuves crédibles qui démontrent que des l’Arabie Saoudite est responsable de ce crime.

Le rapport contient, entre autres, l’enregistrement sonore obtenu à partir de la montre connectée que portait le journaliste lorsqu’il a pénétré dans le consulat saoudien pour obtenir un document pour pouvoir se marier. Des membres du service de renseignements saoudiens considérés comme proches de MBS lui ont alors déclaré qu’ils étaient «venus pour l’arrêter». Les services de renseignement turcs et étrangers ont aussi avancé qu’un sédatif lui a été injecté avant qu’il ne soit asphyxié avec un sac en plastique.

Le document souligne aussi la propension du royaume wahhabite à avoir recours à des équipements de surveillance sophistiqués pour pirater les téléphones portables de ses critiques, notamment des journalistes et des universitaires. Le quotidien The Guardian en rajoute une couche, indiquant qu’il a aussi été averti que ses journalistes sont la cible d’une unité spéciale s’adonnant au piratage depuis l’Arabie Saoudite.

Quand Jamal Khashoggi avait mystérieusement disparu du consulat saoudien à Istanbul, Riyad a d’abord démenti toute implication, arguant que le journaliste avait quitté le consulat sain et sauf, avant de soutenir qu’elle n’était pas au courant d’une telle opération. Or, Agnès Callamard implique MBS pour cette violation du droit internationale et qui enfreint la convention contre la torture. Elle souligne également que l’enquête ouverte par les Saoudiens n’a pas été menée de bonne foi et continue plutôt une entrave à la justice.

La rapporteure réclame dont l’arrêt des poursuites contre les onze suspects saoudiens détenus par Riyad.

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