Il n’y aura pas de congé public. Personne ne vous souhaitera « Eid Mubarak » sur une banderole. La fête ne sera pas suivie d’interminables « Eid gatherings », souvent hautement politisés. Les médias n’en parleront pas beaucoup. Il n’y aura pas de fièvre de consommation ou de « late-night shopping ». Mais le fait est que la Eid-ul-Adha n’est pas moins importante pour les musulmans.

Mais il ne faut pas se tromper. Ce n’est pas en exhibant des bœufs sur des camions, avec tout un tam-tam, que les croyants expriment leur attachement à cette fête. Il ne s’agit nullement d’un spectacle de cowboys comme quelques-uns en font allant jusqu’à s’habiller pour l’occasion… à la George W. Bush ! D’autres se plaisent à filmer le sacrifice de l’animal, oubliant la nature sacrée de la vie qu’il n’est permis de prendre qu’avec le nom de Dieu pour une utilité. On est loin, très loin de l’histoire d’Abraham et d’Ismaël, paix soit sur eux. Peut-on s’attendre à autre chose quand pendant des semaines, la « qurbani » a été réduite à une affaire de roupies-le-kilo ? Les hormones de croissance sont là pour doper ces pauvres bêtes et faire le business de certains. À voir les affiches qui sont placardées dans la capitale, on aurait dit qu’il y a une course à vendre des « sacrifices » au plus bas prix ! Et que dire du respect de l’obligation en islam de ne pas faire souffrir les animaux ?

Entre l’indifférence de certains et l’exploitation des autres, il faut rappeler le sens de la Eid-ul-Adha. D’abord, Dieu n’a besoin ni de chair ni de sang mais reconnaît ce qui est dans le cœur du croyant. S’agit-il d’un amour révérenciel pour Dieu qui le mène à faire don d’un animal, s’il en a les moyens, qui servira à nourrir soi-même, ses proches et aussi les pauvres ? Se rappelle-il ainsi d’Abraham qui avait une confiance absolue en Dieu ? Et de son fils, Ismaël qui fit preuve d’humilité et de patience ? La fête coïncide aussi avec la fin du grand pèlerinage, le hajj. Le croyant est-il en communion avec ses frères et sœurs qui là-bas, dans l’enceinte la plus sacrée, témoignent au même moment l’unicité absolue de Dieu ?

L’Eid-ul-Adha, n’étant pas une fête dite « nationale », pourrait garder toute sa dimension spirituelle et religieuse si les musulmans eux-mêmes ne la livrent pas en pâturage aux politiciens comme aux commerçants. Ils doivent s’approprier « leur fête » et la vivre pleinement, en toute simplicité. Elle durera quatre jours qui sont précédés par les premiers jours du mois de Dhul Hijjah où les actions des croyants sont les plus aimées de Dieu. Cela comprend le jour dit « d’Arafat » où il est recommandé de jeûner. Ce sont des jours d’évocation régulière de Sa Grandeur Infinie. Intimement, il s’agit d’être avec Dieu en reconnaissant les infinies faveurs qu’Il nous a octroyées.

Concrètement, il convient d’être heureux pendant ces jours bénis et de montrer sa joie en toute modestie. À la maison, au travail, dans la rue, partout. Partager son bonheur avec ses semblables. Un sourire, une bonne parole, un signe de solidarité, un acte de générosité. Chacun selon ses moyens, mais toujours dans la plus grande sincérité. Aller vers ceux qui sont dans le besoin, qu’ils soient musulmans ou non. Et remercier Dieu inlassablement. Eid Mubarak à tous !

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