Sa version bêta n’est sur le Web que depuis environ un mois et demi mais suscite déjà l’engouement. La preuve, selon les chiffres avancés par divers médias : jeudi dernier, Ello enregistrait plus de 35 000 demandes d’inscription… par heure. Alors que, pour l’instant, on ne peut y être qu’en étant invité.

L’attrait de la nouveauté ? Sans doute. Mais aussi un atout de taille pour ce nouveau réseau social : l’absence de publicité. L’anonymat, si c’est ce que l’on souhaite. « Désactivez nos ‘analytics’ et vous êtes invisible même pour nous », écrit le site Web sur son manifeste.

« Votre réseau social est la propriété des publicitaires », selon Ello, qui est toujours en version beta. « Vous êtes le produit qui est acheté et vendu. » Chacun des posts, amis et liens que suivent les utilisateurs, est traqué, sauvegardé par les réseaux sociaux concurrents, et les données personnelles collectées sont utilisées pour aider les publicitaires à cibler leur offre.

Ello vient dire : chez nous, vous pouvez ne pas utiliser votre vrai nom. Chez nous, la collecte de données se fait de manière anonyme. Et si on n’agrée pas au manifeste, on est redirigé vers… Facebook.

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A l’origine de ce réseau social qui se veut différent : Paul Budnitz, auteur, artiste, entrepreneur qui vend des designer toys. Et qui, avec quelques amis artistes et programmeurs, décident de monter un site privé pour quelques douzaines de personnes seulement. Ses jouets, dit-il, sont des hybrides art-produit. C’est aussi ce qu’il veut pour son site.

L’interface est relativement simple. Présentation minimaliste – fond blanc, police noire qui rappelle celui des machines à écrire – avec la part belle aux photos, illustrations, images animées et du texte. Ça fait penser à un Tumblr, en plus épuré. Les amis peuvent apparaître en tant qu’« amis » ou « bruit » (noise), avec un newsfeed dédié à chaque catégorie.

Quelques points faibles cependant : un peu de difficulté à se retrouver dans la navigation, mais surtout : aucune fonctionnalité pour garantir la vie privée, même si la compagnie assure travailler dessus. Les profils sont publics, on ne peut bloquer personne. Pas d’option non plus pour pouvoir y chercher ses amis. Ni d’appli pour smartphone.

Par ailleurs, la compagnie a accepté 435 000 dollars de capital-risque, ce qui, pour certains, est interprété comme une concession sur son indépendance. Et s’il n’y a pas de pubs sur Ello, des marques y ont cependant créé des comptes.

Si le site restera gratuit, certaines options et fonctionnalités seront payantes. Ce qui l’aiderait à se financer. Peut-il vraiment envisager un avenir ? Budnitz affirme ne pas vouloir une expansion selon les mêmes proportions que Facebook. Durera-t-il au moins dix ans ? Seul le temps, et les internautes, pourront le dire.

Sources : cǀnet, The New Yorker, The Guardian, Le Figaro – Photo via Sydney Morning Herald

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