A Maurice, l’importation en vue de la commercialisation de cigarettes électroniques et de leurs recharges est interdite. Pourtant, les annonces de vente fleurissent sur Facebook. Cette pratique ne fera pas long feu. Des amendements aux Public Health (Restrictions on Tobacco Products) Regulations 2008 seront apportés pour un contrôle plus strict, voire une interdiction, du commerce en ligne de l’e-cigarette. Et ce plus tôt qu’on ne le pense.

«Ils sont nombreux à croire que la cigarette électronique est en vente libre. Mais la vente et la distribution, d’une façon ou d’une autre, est illégale.» Sur ce point, Roshan Dauharry est catégorique. L’officier responsable de la Tobacco Control Unit s’appuie pour cela sur l’article 4(f) des règlements et qui se lit comme suit :

«No person shall sell, offer to sell or distribute (…) sweets, snacks, toys or any other object in the form of, or which are likely to create an association with, cigarettes or cigars»

La faille ? L’importation n’est pas explicitement interdite. Et c’est ce que les amendements à venir viendront rectifier. L’importation pourrait toutefois être autorisée – et le State Law Office s’est déjà prononcé sur le sujet – si la cigarette électronique et les produits associés sont destinés strictement à un usage personnel. Ce qui sous-entend une limite sur la quantité que les vapoteurs à Maurice pourront commander sur le Web.

Ce faisant, Maurice remplit ses obligations vis-à-vis du Framework Convention on Tobacco Control ainsi que du Protocole pour l’élimination du commerce illicite des produits du tabac qui en découle et dont le pays est signataire, souligne Roshan Dauharry. Car l’article 11(2) du protocole stipule que : «Chaque Partie envisage d’interdire la vente au détail de produits du tabac via Internet, par télécommunication ou par tout autre mode de vente basé sur une technologie nouvelle.»

Une récente étude l’affirme encore. La cigarette électronique a les mêmes effets que ceux constatés chez des fumeurs chroniques et des patients souffrant de cancer du poumon. Des conclusions que Shrutykant Dev Pelladoah prend avec des pincettes. L’instigateur d’une pétition pour contrer l’interdiction, il estime qu’il s’agit sans doute de vapoteurs qui avaient déjà un passé de fumeurs invétérés.

Il faudrait régulariser et contrôler le commerce de la cigarette électronique, soutient Pelladoah. Quid à taxer le produit, au même titre que la cigarette électronique. Le contrôle, à travers un regulatory body, permettrait d’appliquer des standards internationaux – à l’instar de ceux appliqués au niveau de l’Union européenne ou des Etats-Unis – et ainsi de limiter l’entrée sur le territoire d’e-liquides douteux, fait valoir le fondateur de la page Facebook Mauritius Vaping Community. «On ne veut pas qu’il y ait n’importe quoi sur le marché», affirme Pelladoah.

La cigarette électronique est surtout utilisée à Maurice par ceux qui veulent décrocher du tabac. Au même titre que les produits nicotiniques comme les patchs, soutient Pelladoah. Alors que Dauharry fait ressortir, de son côté, que «la cigarette électronique n’a jamais été un produit de substitution à la cigarette conventionnelle».

Quid des Tobacco Clinics gratuites mises en place dans les sept hôpitaux régionaux de l’île ? «Y a-t-il un véritable suivi des patients ?» rétorque Pelladoah, qui soutient avoir déjà testé un tel programme.

Maurice devrait prendre exemple sur la Grande-Bretagne, poursuit-il. Un rapport du Science and Technology Committee de la House of Commons, publié récemment, recommande une révision des lois et une baisse de la taxe sur la cigarette électronique ainsi que son usage dans le service de santé publique comme option de sevrage nicotinique. Le document reconnaît cependant qu’il faudrait plus d’études sur les effets du vapotage

Initiés depuis 2016, les travaux sur les amendements aux Public Health (Restrictions on Tobacco Products) Regulations 2008 se poursuivent. Avec une assistance technique d’experts légaux de l’Organisation mondiale de la santé. Ils pourraient bien être adoptés d’ici l’année prochaine.

Photo : Spencer Platt/AFP

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