Il a décidé de prendre le taureau par les cornes. Le ministre de la Santé, Anwar Husnoo, s’apprête à inaugurer deux salles spécialement aménagées aux hôpitaux de Mahébourg et de Montagne-Longue pour la réhabilitation de jeunes personnes et d’adolescents victimes de drogue synthétique. Ceux ayant atteint la majorité seront dirigés au Sud alors que les mineurs seront admis au Nord.

Une trentaine de patients sera pris en charge tant par des spécialistes et des psychologues que par des accompagnateurs. Ils ne pourront rentrer chez eux qu’après avoir complété une cure de désintoxication. Le ministre de la Santé a estimé qu’il était nécessaire d’aller de l’avant avec ce projet il y a quelques semaines au vu du nombre croissant de jeunes qui succombent à ce fléau.

Outre le fait d’avoir exigé une collaboration étroite avec les organisations non gouvernementales, Anwar Husnoo a effectué une visite mercredi après-midi à Montagne-Longue aux côtés du Regional Health Director du Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital (SSRNH), le Dr Vinay Dinassing, pour constater l’évolution des travaux (photo). Il semble avoir fait d’une pierre deux coups car la bâtisse, qui date du début du 19e siècle, a conservé son cachet d’antan.

La drogue synthétique attire de plus en plus de jeunes car facilement accessible et bien moins chère que le gandia. Les trafiquants investissent également dans cette filière car un apport d’un minimum de Rs 100 000 peut facilement leur permettre de devenir millionnaires. Entre autres, c’est la patronne du Forensic Science Laboratory (FSL), Vidhu Madhub-Dassyne qui a attiré l’attention des autorités sur ce phénomène afin que la Dangerous Drugs Act (DDA) soit modifiée. Ce qui a été fait à la fin de 2013.

En 2014, les saisies de drogue synthétique à Maurice étaient de 27 et sont passées à 598 l’an dernier. Les réseaux sociaux foisonnent de nombreuses vidéos de jeunes sous influence de ces substances saupoudrées de solvants tels que l’acétone et le benzène. Assimilés à des zombies, ils souffrent des effets d’agitation, d’anxiété, de désinhibition, voire de paranoïa.

Une étude menée l’an dernier par le Centre for Disease Control and Prevention, l’organisme de santé fédéral américain communément appelé CDC, indique que les jeunes consommant de la drogue synthétique ont davantage de chances de se tourner vers des drogues dures. Des épisodes de violence sont aussi répertoriés, tant physiques que sexuels.

L’ancienne candidate malheureuse du Mouvement patriotique à l’élection partielle de Belle-Rose/Quatre-Bornes, Tania Diolle, avait évoqué la nécessité d’ouvrir les portes des centres de réhabilitation aux jeunes le mois dernier. Tout comme les ONG impliquées dans les programmes de réduction des risques.

«C’est une très bonne chose. Il est important d’avoir un centre spécialisé pour épauler les mineurs. Nous le faisons, mais ils ne peuvent être mélangés aux adultes», estime Imran Dhanoo, directeur du Centre Idrice Goomany.

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