Notre collaborateur Umar Timol, qui est en ce moment aux Etats-Unis, a assisté à la Women’s March à New York, le 21 janvier dernier. Il nous propose quelques photos de cet événement et une réflexion sur la résistance face aux dominations.
Texte et photos : Umar Timol

J’ai assisté, il y a quelques semaines, à la Women’s March à New York. C’est un évènement qui m’a marqué. J’ai été frappé par l’enthousiasme, l’énergie débordante et la créativité des participants.

Ainsi, dans une atmosphère quasi carnavalesque (on a ainsi pu voir un type orange !), pour ne pas dire poétique, haute en couleur, entre musique et danse, une foule diverse, parmi des enfants, a défilé, scandant des slogans, les uns plus originaux que les autres.

Les sensibilités présentes divergeaient mais elles avaient ceci en commun : le refus radical de Trump et de tout ce qu’il représente, c’est-à-dire le grotesque du personnage, le racisme, la misogynie ou encore sa politique anti-environnementale.

Mon sentiment est que les Etats-Unis sont en ‘guerre’, un ‘divided states’ comme l’a défini le magazine Time. S’affrontent ainsi deux pays : celui de Trump, isolationniste, rural, fermé à l’autre, fondamentaliste, désemparé ; et celui des contestataires de la Women’s March, ouvert au monde, féministe, multiculturel, solidaire des minorités et des opprimés.

C’est une ‘guerre’ invisible mais aux conséquences dramatiques car le président des Etats-Unis décide, dans un certain sens, du sort du monde.

Ce pays propose de nombreuses facettes, fascinantes et contradictoires, ainsi ses grandes universités, les meilleures au monde, leurs magnifiques campus, un pays à la pointe de la technologie, un extraordinaire dynamisme culturel et intellectuel, des villes, comme New York, San Francisco et tant d’autres, qui sont de véritables laboratoires humains. Mais aussi un pays dont bon nombre de ses citoyens sont privés de soins de santé élémentaires car ils n’ont pas d’assurance, des inégalités extrêmes, une ‘gun culture’ aux conséquences que l’on sait, ou encore une politique étrangère, par certains aspects stabilisatrice, mais qui sème aussi le chaos dans le monde.

L’élection de Trump et la montée de l’extrême-droite en Europe et ailleurs exprime, à mon sens, l’agonie de civilisations vacillantes qui, face à les revendications des minorités, la globalisation, un système économique destructeur, face à leur propre précarité, s’accrochent désespérément à un sentiment de supériorité et de suprématie et ainsi font le choix du pire. Le cri de Trump et de ceux qui voient en lui un sauveur est un cri agonisant. Cette agonie est semblable, à un moindre degré, à celle de nos politiques, inscrits dans une logique de pouvoir qui met à mal la démocratie. Sauf que là-bas, on choisit de manifester, on s’efforce de résister et d’envisager des alternatives viables à la crise. Et qu’ici, on ne fait souvent pas grand-chose.

Cette Women’s March est, à mon avis, un appel à la résistance face à toutes mécaniques de la domination qui écrasent l’individu, l’Histoire s’accélère et nous nous retrouvons face à ces démons du passé, qui risquent, à tout moment, de resurgir. La résistance, peu importe sa forme, est plus que jamais essentielle.

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