Difficile pour le présent régime de trouver grâce aux yeux de Xavier Duval. Tout – ou presque – va mal sur le plan économique sous le présent gouvernement. Et le Budget de Pravind Jugnauth pour l’année 20158-2019 n’arrange rien, soutient le leader de l’opposition.

Au lieu de s’adresser aux problèmes de fond et plus qu’urgents de certains secteurs, le Premier ministre et ministre des Finances s’est livré à un «exercice de communication», affirme le chef des bleus. Ce dernier a donné le coup d’envoi des débats budgétaires, ce lundi 18 juin au Parlement.

A entendre Duval, tout va mal sur le plan économique sous le régime MSM-ML. Le leader de l’opposition a, pendant plus d’heure, descendu en flammes le Budget 2018-2019. Fustigeant tour à tour des mesures «half baked» ou désastreuses, les chiffres «sous-évalués» de la dette publique, la «vente» annoncée du passeport mauricien ou encore «l’opacité» et le «secret» qui entourent de trop nombreux projets.

«La vente de notre propre pays»

Le «tollé» général soulevé par l’annonce de l’attribution du passeport mauricien à un étranger moyennant un investissement minimum de 500 000 dollars et la nationalité contre 1 million USD montre que les citoyens ont bien saisi les conséquences d’une telle décision. Maurice veut-il attirer des individus au high net worth ou des personnages de même notoriété qu’Alvaro Sobrinho ? s’est interrogé Duval.

Le pire, c’est qu’il est question de «la vente de notre propre pays». Mais aussi des prix de l’immobilier qui prendront l’ascenseur. Car l’attrait du passeport et de la nationalité réside dans le fait qu’ils permettent d’acquérir des biens dans le pays hôte. Cela se fera toutefois aux dépens de la population local alors qu’«un ou deux passeports n’auront pas grand effet sur le Budget», a lancé Duval à un hémicycle silencieux mais pas toujours attentif. En citant les tensions lors de l’installation accrue des Sud-Africains dans l’Ouest, le leader du PMSD entrevoit déjà des «problèmes sociaux» du même ordre.

Duval ne voit pas non plus d’un bon œil le fait que les navires étrangers seront autorisés plus près de nos côtes. Une «compétition injuste» pour les petits pêcheurs locaux. Alors même que le secteur de transformation des produits de la mer est en difficulté. En cause : le quota imposé par l’Union européenne sur la pêche au thon.

«Une industrie en déclin»

Ce secteur est l’un des quatre à se trouver en eaux troubles, selon le leader du PMSD. Sans que le Grand argentier ne prévoie de mesures à leur intention dans son Budget. Il en est ainsi du textile – «clairement une industrie en déclin» –, du secteur sucre/cannier – la crise était prévisible – mais aussi du tourisme dont la croissance est passée sous les 10%, note Duval, depuis qu’il ne gère plus ce portefeuille.

Reprenant des arguments déjà avancés par lui et par d’autres, Duval insiste que le gouvernement «cache systématiquement» les chiffres réels de la dette publique. Le Fonds monétaire international ne sera pas dupe pour autant, fait-il comprendre. Car le leader de l’opposition compte écrire à l’organisme pour effacer ce trompe-l’œil.

Abordant la chape de plomb qui entoure de nombreux projets initiés par le gouvernement MSM-ML, Duval insiste que la transparence est essentielle. Ainsi que l’ouverture des appels d’offres à l’international «pour être sûr qu’on paie le juste prix», dit Duval. Des carburants, par exemple. Des firmes internationales présentes à Maurice affirment, selon Duval, pouvoir approvisionner Maurice en carburants à un prix moins cher la Mangalore Refinery and Petrochemicals Ltd (il a déposé le contrat liant l’entreprise indienne à la State Trading Corporation).

Sur le plan fiscal, Duval estime que les «tax holidays», initiés sous Rama Sithanen, ont fait leur temps. En revanche, souligne le leader de l’opposition l’économiste avait pris la sage décision de contracter un prêt de 800 millions USD pour booster l’économie en cas de coups durs. Mais rien dans le Grand oral de Pravind Jugnauth ne prépare le pays à une éventuelle guerre commerciale sur le plan mondial, prévient le chef des bleus.

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