C’est le maulana Haroon, une figure connue parmi les musulmans du pays, que Gulbul a rencontré durant la campagne des législatives en novembre 2014. L’avocat Mahmad Aleem Bocus, appelé par la commission d’enquête sur les drogues, explique avoir suggéré à Raouf Gulbul de rencontrer l’homme religieux. Vu la grande connaissance de ce dernier de la société.

Le témoin affirme que son implication dans la campagne de Gulbul s’est arrêtée à organiser cette réunion. S’il se souvient d’avoir été gêné par la taille de l’entourage du candidat MSM et le cortège de voitures qui l’accompagnait. Le témoin affirme n’avoir aucun souvenir de paquet de tracts dans un coffre de voiture, ce soir de novembre 2014. Avant de préciser n’avoir entendu parler d’un paquet que dans les récents comptes rendus de presse.

Non content d’interroger le témoin sur des faits remontant à fin 2014, la commission d’enquête a également montré un vif intérêt pour les activités de l’Information and Communication Technologies Authority (ICTA), qu’il préside. Paul Lam Shang Leen a ainsi questionné l’avocat sur ce que peut faire son institution pour empêcher l’accès à de la pédopornographie sur Internet. Allant jusqu’à tester les connaissances – limitées – du juriste sur le porte-monnaie électronique.

Après Bocus, c’est au tour d’Athon Murday de déposer. L’avocat, qui travaille avec Gulbul, avait été décrit comme le chauffeur attitré de celui-ci lors de la campagne électorale de 2014. «I was there all the time», confirme-t-il à une question de Paul Lam Shang Leen.

Le témoin s’emmêle régulièrement les pinceaux sur les personnes qui accompagnaient Gulbul durant la campagne électorale. Après l’avoir questionné sur un gros bras, fiché comme trafiquant de drogue, le président de la commission lui demande si Sada Curpen était dans les parages. «Oui !» s’exclame-t-il avant de se rebiffer illico, non, il n’était pas là.

L’ancien juge égrène une liste de noms que Murday explique ne pas connaître. De bonne volonté, le témoin tente même de confirmer l’apparence physique d’une des personnes citées auprès de Lam Shang Leen. Ce qui agace ce dernier, qui fait remarquer au témoin que c’est lui qui est censé connaître les personnes citées.

Et l’argent dans tout cela ? Le président de la commission demande au témoin s’il s’est intéressé au financement de la campagne de l’ancien candidat MSM. Non, car cela relevait de la régionale du parti, assure le témoin. Mais Lam Shang Leen ne lâche pas. Pourtant, ils allaient manger gratuitement chez Gloria Fast Food à Port-Louis. Oui, confirme le témoin. Qui précise qu’ils allaient également manger à l’œil chez Pakistan. «Mo ti santi mwa inpe anbarase», confie-t-il d’ailleurs.

La commission interroge le témoin sur la rencontre de novembre 2014. Celui-ci dit n’avoir aucun souvenir de la date précise. Interrogé sur la présence de Gulbul dans sa voiture, Athon Murday tâtonne, confirme. Puis s’emmêle les pinceaux au sujet de son numéro d’immatriculation.

Il poursuit en donnant une version très approximative du nombre de voitures qui se déplaçaient avec lui ce soir-là ainsi que des personnes qui faisaient partie du convoi. Lam Shang Leen en arrive au paquet qui aurait été placé dans le coffre d’une voiture.

Le témoin sursaute. «A parcel in my car?» Il dit n’en avoir aucun souvenir. Non, le paquet aurait été placé dans la voiture de Samad Golamaully. Murday pousse un ouf de soulagement, expliquant avoir compris, pendant tout ce temps que le paquet avait été placé dans sa voiture. (la suite du texte plus bas)

Murday, pensif, explique qu’il ne sait pas s’il y avait ou non un paquet dans la voiture de Golamaully. «I wish the parcel was in my car», laisse-t-il échapper. Ce qui laisse le président de la commission pantois. «It’s dangerous to have all this money in your car!» corrige-t-il.

Le témoin se reprend : oui, confirme-t-il, le coffre de la voiture de Golamaully était ouvert. Et redit qu’il aurait aimé avoir le paquet dans sa voiture sur un ton badin. Lam Shang Leen perd patience : «Rs 9.7 millions ! Imagine the police stopped you. They would have taken you to the police station!» L’avocat poursuit sa blague : «I would have shared it with the local police.»

Le président de la commission ne rigole pas et critique l’attitude du témoin. «You’re not a responsible counsel. You’re a corrupt counsel.» Le témoin redevient sérieux et évoque tous les ennuis avec un possible procès pour blanchiment d’argent. Mais il assure : « Never in my mind I thought anything bad was happening.»

La séance se termine par des questions de la commission sur le rôle de Murday auprès de son mentor. Après 12 ans au barreau, celui-ci avoue toujours trembler en Cour parfois. «Still learning», il affirme bénéficier de l’expérience de Gulbul. Même s’il ne gagne que Rs 5 000 quand il agit comme son junior. «For him, only four figures. For Gulbul, 7 figures », tance le président de la commission. «I am still learning», assure à nouveau l’avocat.

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