« Un exil forcé » et une « déportation », c’est ainsi qu’Olivier Bancoult, principal animateur du Chagos Refugees Group, qualifie le déracinement des habitants de l’archipel des Chagos à la fin des années 1960 et début 1970 à la suite de l’indépendance de Maurice. Cette journée du 3 novembre a donc été l’occasion de rendre hommage aux Chagossiens qui ont âprement défendu la cause de la communauté et son retour sur l’archipel.

Pour Olivier Bancoult, le combat de la communauté chagossienne afin de visiter ses îles natales et éventuellement d’y revivre est juste. Comme en atteste le large soutien en faveur de la cause au sein de la communauté internationale.

Les Chagossiens à la House of Commons

Le sort des Chagossiens a été débattu au Parlement britannique le mercredi 28 octobre (lien vidéo). Le Dr Paul Monaghan, qui milite pour les droits des Chagossiens depuis son élection en mai au sein du comité parlementaire qui leur est consacré, a accusé le gouvernement britannique d’avoir « intimidé » le peuple chagossien dans le but de l’évincer de l’archipel dans les années 60.

Plus de 2 000 Chagossiens avaient été déportés de leurs îles le 8 novembre 1965 lorsque le Premier ministre de l’époque, Harold Wilson, avait autorisé la création d’un British Indian Ocean Territory. Une « exploitation éhontée », selon Paul Monaghan, « calculée de manière cynique » dans le but de construire une base militaire britannique ouverte aux Américains.

Plusieurs Chagossiens étaient présents à Westminster Hall pour ce débat durant lequel le membre parlementaire du Scottish National Party (SNP) a fait appel au gouvernement britannique pour que justice soit rendue aux Chagossiens. « La réinstallation des Chagossiens est un impératif humain et moral. »

Retraçant l’histoire des Chagossiens, de leur déportation et de leur lutte pour retourner sur leurs îles natales, Paul Monaghan condamne également les consultations faites par le gouvernement britannique sur le sort des Chagossiens et qui ont pris fin mardi dernier. Selon lui, celles-ci sont « sans valeur » et doivent être « rejetées » car le gouvernement a « échoué de façon spectaculaire à traiter les enjeux clés ». Ces consultations, estime le député, servent à « terroriser la population autochtone » afin que leur réinstallation « n’aboutisse pas ».

Concluant les débats longs de près d’une heure, James Duddridge, le Parliamentary Under-Secretary of State for Foreign and Commonwealth Affairs, dit « regretter » les injustices faites aux Chagossiens depuis plus de 50 ans. Celui qui a succédé à Jeremy Corbyn à la présidence du Chagos islands all-party parliamentary group a toutefois tenu à rassurer les membres de la Chambre sur le fait qu’il « examinait attentivement ce dossier ».

James Duddridge envisage de se rendre aux Chagos « pour faire un constat de visu » et considérer certains points soulevés durant les consultations menées avec la communauté chagossienne au Royaume-Uni, aux Seychelles, à Maurice, en Suisse, en France et même en Tasmanie. Plus de 700 formulaires ont été reçus. Une visite qui devrait avoir lieu « très vite », avant que l’Under Secretary ne fasse ses recommandations aux Senior ministers et que le gouvernement ne parvienne à une décision. Une initiative saluée par le leader de l’opposition et leader du Labour Party britannique, Jeremy Corbyn, qui est aussi président d’honneur du comité parlementaire sur les Chagos.

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