Anne Marie a 26 ans, 4 césariennes, élève 3 filles et un conjoint avec une confiance en elle qui rend le Mimosa Pudica un fort indestructible. C’est une fille intelligente qui s’est retrouvée enceinte à 15 ans, qui a fait confiance à ses proches plus qu’à son directeur d’école quant à la poursuite de ses études. Même quand a elle remonté la pente avec un job qui paie dans un centre d’appels, le manque de structures sociales l’a repoussée dans les bas-fonds de la précarité. Des Anne Marie, j’en ai vu des dizaines en l’espace de quelques jours.

Le gouvernement affirme vouloir pousser les femmes à s’assumer, à sortir de la précarité. Anne Marie a cogné à toutes les portes pour s’en sortir. S’en sortir avec quoi ? Des crèches aérées non existantes ? Des cours d’artisanat et de couture ? Des menaces de couper la pension d’invalidité de sa gamine cardiaque si elle trouve un emploi non précaire ?

Farha a eu le courage avec ses camarades de protester en faisant une grève de la faim, elle qui vient d’un pays aux balbutiements du développement. Je l’ai peut-être croisée le soir quand elle rentre avec ses copines, agitant son voile avec ses mains en discutant de sa vie d’esclave moderne.  Ces ouvrières arrivent avec l’obligation de travailler, l’interdiction de procréer et de protester sur notre sol. Tout geste suspect, un contact avec le syndicat est sanctionné sous prétexte qu’elles sont d’un pays plus pauvre.

X vient de découvrir qu’elle est séropositive à 22 ans. Elle qui est venue pour franchir une nouvelle étape dans sa vie professionnelle risque la déportation. Reçoit-elle des soins ? Qui la soutient alors qu’elle est loin des siens ?  A-t-elle une instance pour faire appel ? Quand va-t-on changer cette régulation stigmatisante ?

Evidemment, j’ai envie de vous insulter, vous élus d’hier et d’aujourd’hui. Vous, les impuissants qui ne méritent que la pitié car vous êtes incapables d’honorer ce qui fait l’humain, sa dignité.

Dans une société patriarcale, la femme est un objet sur lequel on exerce son autorité. Une femme mariée à moins d’autonomie et d’indépendance qu’une femme légalement non mariée, comme l’avait expliqué Mélanie Vigier de Latour.

On se demande bien si on vit dans une démocratie où chaque citoyen est égal aux yeux de la loi ou dans une dictature où on punit les gens à cause de leur sexe, de leur choix marital ou de leur statut sérologique. Les inégalités entre sexes durent depuis un moment, c’est à se demander si cela sert à quoi que soit d’avoir un ministère de l’Egalité des genres et un ministère de la justice…

Une petite fille a disparu, une autre a été violée en l’espace de quelques jours, à quand une éducation sexuelle adaptée aux plus petits pour prévenir les abus et protéger nos enfants ?  À quand un protocole adapté sur une si petite île pour les disparitions d’enfant ?

La hargne avec laquelle Anil Gayan a défendu Vijaya Sumputh au Parlement sous prétexte de défendre les femmes est une mauvaise blague. Son évocation des virgin prostitutes nous donne une nette idée de sa conception de la dignité et le fait qu’aucun élu ne trouve à redire me conforte dans la croyance que les dinosaures nous rabaissent en tant que peuple.

La politique, c’est des idées et des actions, pas des palabres !

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