Des chiens capturés. Maltraités. Battus. Frappés à coup barre de fer… Par des employés de la Mauritius Society for the Welfare of Animals (MSAW). Alors que ces derniers sont censés s’occuper du bien-être de ces animaux. Ces images violentes circulent depuis quelques jours sur le Net à travers une vidéo postée sur YouTube. Et choquent internautes et défenseurs des droits des animaux.

Lucy Ramlochun ne manque pas de qualificatifs pour désigner ces actes « violents, d’une brutalité sans nom, cruels ». Qui, elle en est persuadée, ont bien été perpétrés par des employés de la MSAW. La manager de l’unité du Nord de Protection of Animals Welfare Society (Paws) dit reconnaître la fourrière située à Port-Louis, le van de la MSAW. Et estime que les images de la vidéo ne datent pas de plus de quelques semaines.

L’association a d’ailleurs réagi sur sa page Facebook et dans les médias dès qu’elle a pris connaissance de la vidéo. « Qui ne serait pas choqué ? », s’insurge Lucy Ramlochun. « Comment peut-on traiter ainsi des chiens, des animaux ? » D’autant que la MSAW, tel que l’indique son nom, est « censée s’occuper du bien-être des animaux », poursuit notre interlocutrice, en poste depuis environ trois ans.

Il est nécessaire d’agir, assure Lucy Ramlochun. Mais que peut-on espérer de la MSAW ? Certes, il y a eu des changements au niveau de cet organisme, qui a changé de direction et de nom ces dernières années. « Cela ne semble pas avoir servi à grand-chose », se désole Lucy Ramlochun. Qui estime que « le ministère concerné n’aurait jamais dû autoriser la reprise du ramassage des chiens ».

Une pétition circule depuis hier pour demander la fermeture de la fourrière de Port-Louis. Un appel qui a rassemblé, au moment où cet article est publié, 2 218 signatures de Maurice mais aussi de France, d’Angleterre, de France, de Belgique et d’Afrique du Sud. Des sociétés internationales de protection des animaux ont aussi été informées du contenu de cette vidéo, indique Lucy Ramlochun. « Elles exercent des pressions », affirme la manager de Paws – Vale. Qui souhaite, pour sa part, que ces « criminels, tous ceux que l’on voit dans la vidéo, soient traduits devant la justice » car en infraction avec les dispositions de l’Animal Welfare Act. Et même, « qu’ils perdent leurs jobs ».

« Non seulement ils ont commis des crimes atroces envers ces animaux, mais ils ne respectent pas non plus les procédures. » Notamment en piquant – avec acharnement – un chien avec une seringue pour l’euthanasier. Alors que cette opération ne peut être pratiquée que par un vétérinaire certifié, selon la législation en vigueur.

La Mauritius Society for Animal Welfare reconnaît la gravité des actes que montre la vidéo, déclare Christina Kalloo, chargée de communication de l’organisme. « C’est inacceptable, nous ne tolérerons pas cela », dit-elle. Suite à des réunions du conseil d’administration, poursuit-elle, tenues en urgence hier et aujourd’hui, des sanctions seront prises à l’encontre des employés incriminés. Ceux-ci seront d’ailleurs convoqués devant un comité disciplinaire.

Christina Kalloo insiste toutefois : tous les employés reçoivent une formation une « formation adéquate », incluant ceux de l’escouade canine. Des procédures sont en place quant au traitement à accorder aux chiens. La MSAW s’est d’ailleurs équipée, dit-elle, pour le dog handling et le ramassage des chiens. « S’il faut prendre des mesures, cela sera fait incessamment. Il faut toujours améliorer, au niveau de nos services et des formations que nous proposons. »

Et de rappeler que la MSAW mène des campagnes de sensibilisation au niveau des collèges mais aussi des collectivités locales où se tiennent, en même temps, des campagnes de stérilisation. Celles-ci, soutient Christina Kalloo, mettent l’accent sur la responsabilité du propriétaire et sur la nécessité de stériliser pour éviter les portées non désirées. Mais les autorités se heurtent aux réticences des propriétaires, poursuit la chargée de communication. Qui avancent, entre autres, que la stérilisation rend leurs animaux plus doux ou plus agressifs. Or, maintient Christina Kalloo, la stérilisation se fait aussi « pour le bien-être de l’animal ».

La sensibilisation et la stérilisation sont capitales, Lucy Ramlochun s’accorde également à le dire. Les campagnes devraient être régulières et soutenues, dit-elle, et la stérilisation obligatoire. « Avoir un animal est une responsabilité. » Les chiens, explique la manager de Paws – Vale, devraient être enregistrés, stérilisés, équipés de micropuces et pouvoir aller et venir dans une cour clôturée au lieu d’être enchaînés.

La manager de Paws – Vale veut même aller plus loin dans la mission d’éducation de la MSAW. Et de suggérer que la fourrière de la capitale soit « fermée, réformée, restructurée » pour ensuite rouvrir avec une vocation pédagogique. Où les Mauriciens pourraient se rendre pour s’informer, pour visiter et adopter des chiens. En l’état, assure-t-elle, les locaux de Port-Louis s’y prêtent. « Chez Paws, nous avons un personnel qui s’occupe des chiens avec le plus grand respect. » C’est bien la preuve, avance Lucy Ramlochun, que ce genre de personnes existe à Maurice et est intéressé par ces métiers. « Nous ne pouvons qu’espérer que les choses iront pour le mieux. »

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