Les discussions entre Maurice et le Royaume-Uni doivent être engagés «au plus tôt», «dès que Londres a digéré le jugement» de la Cour internationale de justice. Pour Paul Bérenger, l’avis consultatif rendu public il y a deux jours est «formidable» non seulement parce que Maurice obtient gain de cause sur la question de sa souveraineté sur les Chagos, mais aussi à cause du «ton sans précédent» adopté par les 13 juges qui se sont prononcés en faveur de la restitution de l’archipel.

Ce «ton sans précédent est l’expression de l’indignation réelle et justifiée des treize juges» de l’instance judiciaire la plus haute des Nations unies, a relevé le leader du MMM. «Je trouve cela rafraîchissant», a-t-il décoché. Tout en soulignant que même si Londres insiste que l’avis consultatif est non contraignant, «il lui sera bien difficile de l’ignorer». La décision de la CIJ a été évoquée hier à la House of Commons, a ajouté Bérenger, la shadow minister du Labour Party Helen Goodman demandant si le Royaume-Uni compte rendre l’archipel ou continuer à ses plier aux exigences des Etats-Unis.

Bérenger a aussi salué «le rôle de sir Anerood Jugnauth et des Chagossiens». Il était face à la presse, ce mercredi 27 février, à Ebène.

Du reste, l’article 94 de la charte des Nations unies garantit que chaque Etat membre doit se conformer aux décisions de la Cour qui les concerne, a expliqué Bérenger. Le Royaume-Uni a donc «un devoir légal» de respecter l’avis consultatif, estime Bérenger. Au cas contraire, l’affaire est référée au Conseil de sécurité de l’Onu.

Cela pourrait s’avérer un écueil de plus pour Maurice. Le Royaume-Uni y siège et a un droit de veto, a rappelé Paul Bérenger. Mais tout n’est pas perdu puisque l’Afrique du Sud y siège également et a été d’un grand soutien pour Maurice, tout comme l’Union africaine, sur le dossier Chagos.

Port-Louis doit, par conséquent, «intensifier» son lobbying dès maintenant auprès de pays amis mais surtout de ceux qui ne l’ont pas soutenu lors du vote de la résolution en vue d’un avis consultatif, en juin 2017. Celle-ci avait été adoptée avec 94 voix pour. Quinze pays avaient contre, dont l’Australie, et 65 s’étaient abstenus, dont la Chine (pourtant un «pays ami et de peuplement», a souligné Bérenger). Maurice peut rallier le Sénégal, l’Iran, la Turquie et le Maroc à sa cause, estime le chef des mauves.

Qu’en est-il de Diego Garcia ? «C’est une autre question», a insisté le leader du MMM. En rappelant le rôle stratégique de l’île, en niveau de la sécurité, dans le «set-up occidental» sur cette partie du monde. Et que ni Maurice, ni l’Inde, ni l’Afrique du Sud n’ont demandé la fermeture de la base militaire américaine qui s’y trouve.

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