Raj Dayal, Nando Bodha et Leela Devi Dookun-Luchoomun sont déjà dans l’hémicyle, une dizaine de minutes avant le début des travaux. Quelques minutes plus tard, sir Anerood Jugnauth (SAJ) arrive sans son garde du corps, qui porte habituellement ses dossiers. A peine assis, il demande à l’un des préposés de l’Assemblée nationale d’aller les chercher.

En face, Xavier Duval consulte avec application ses notes sur sa tablette à quelques minutes de sa Private Notice Question (PNQ). Pendant ce temps, les conseillers du Prime minister’s Office prennent place. Rudy Veeramundar, le directeur de communication de Pravind Jugnauth, paraît détendu, rigolant avec le secrétaire au Cabinet Nayen Kumar Ballah, Jean François Chaumière et sir Bhinod Bacha. Une question de Rajesh Bhagwan lui est consacrée lors de cette séance.

Le chef du gouvernement s’installe. Si, d’habitude, Pravind Jugnauth n’échange qu’une brève poignée de main avec SAJ, ce mardi, les deux hommes discutent plus longuement. Ils sont d’ailleurs seuls sur le front bench de la majorité, Ivan Collendavelloo et Vishnu Lutchmeenaraidoo étant absents. Fazila Jeewa-Daureeawoo fait son entrée quelques instants avant le début des travaux. Les journalistes la guettent, se demandant si elle va s’installer au front bench. Elle va à sa place habituelle. Puis regarde en direction de la galerie de la presse et sourit.

Maya Hanoomanjee arrive et l’hymne national retentit. Rajesh Bhagwan, en grande forme, se fait entendre après la dernière note de musique. Il regarde en direction des députés Jahangeer, Rutnah et Oree. «Fer enn bon figir, to pou gagn to pos Parliamentary Private Secretary», lance l’élu mauve à la cantonade. Le backbencher Showkutally Soodhun, dont la nouvelle place se trouve non loin de ces députés, est absent.

La PNQ débute et les députés de l’opposition écoutent avec attention le chef du gouvernement. Dan Baboo et Aurore Perraud prennent des notes. Notamment quand Jugnauth énumère le nombre d’affaires dans lesquels son ancien vice-Premier ministre est soit plaignant, soit accusé. «Tou sa la!?» s’étonne Perraud.

La réponse préliminaire du Premier ministre terminée, le leader de l’opposition enchaîne ses questions supplémentaires. SAJ est visiblement irrité par la curiosité de Duval. Il le fait savoir pendant que le Premier ministre répond. «Pwazon!» lance-t-il en regardant vers les travées du PMSD. Duval lui lance une remarque à peine audible et cherche à en savoir davantage sur le voyage de Soodhun en jet privé. SAJ se retient à peine pendant la réponse du Premier ministre. «Bous to f***», lance-t-il à Duval. Qui n’en fait pas grand cas.

La litanie des démêlés de Soodhun se poursuit. Le chef du PMSD se félicite de la décision du Directeur des poursuites publiques d’intenter un procès à Showkutally Soodhun dans au moins une affaire. «Thank the police also», propose Jugnauth. Son interlocuteur n’obtempère pas. «Manti, manti sa», dit-il au sujet des enquêtes de la police.

Pravind Jugnauth répond à des questions au sujet de la vidéo de Soodhun qui a récemment trouvé son chemin jusque dans les rédactions. Le chef du gouvernement questionne les motivations de Duval qui, selon lui, a attendu longtemps avant de donner la vidéo à des journalistes. «Pwazon! Pwazon!» s’emporte le ministre mentor. «Ki to pe dir?» demande l’élue PMSD de Port-Louis Nord/Montagne-Longue (no 4). «Pwazon!», persiste SAJ. La réplique de Perraud est cinglante : «Apre demon, vinn pwazon aster!?» Son interlocuteur laisse couler.

La PNQ se termine après une querelle entre Duval et Jugnauth au sujet de la vidéo de Soodhun. Rajesh Bhagwan devance la Prime minister’s Question Time (PMQT). L’élu de Beau-Bassin/Petite-Rivière (no 20) demande à la Speaker de ne pas permettre aux députés du gouvernement – surtout Sudesh Rughoobur – de monopoliser les questions supplémentaires au Premier ministre. «I am a very important person too», plaide, pince sans rire, le député mauve.

La tranche des questions au chef du gouvernement débute dans une ambiance bon enfant. La question sur le directeur de la communication du PMO se poursuit dans le même ton. Rudy Veeramundar, sourire aux lèvres et détendu, écoute Bhagwan demander à Jugnauth s’il est normal qu’un de ses proches collaborateurs soit nommé au conseil d’administration de la Mauritius Broadcasting Corporation. Si le patron du MSM répond calmement, Mahen Jhugroo s’agace. Ce qui irrite à son tour Bhagwan. «Al okip dife laba. Ki ou pe rant ladan isi?», reproche-t-il au ministre des Collectivités locales, en référence à l’incendie qui s’est déclaré à l’entrepôt de Shoprite. «Ena dimoun pe okipe laba», rassure ce dernier.

Avec assiduité, Bhagwan pose des questions sur l’un de ses sujets de prédilection : la radiotélévision nationale. Au passage, il dit son agacement face au contenu de la chaîne publique et de l’omniprésence du chef du gouvernement dans ses journaux. «E to gete mem?» se moque Jhugroo. «Mwa, mo peye. Twa, gouvernman pey pou twa. Dan to loto ousi, bann-la inn mete», tance le député de l’opposition. Qui conclut sa série de questions en déclenchant la rigolade dans tout l’hémicycle. «I become very nervous when I watch MBC», explique Bhagwan avant de se rasseoir.

Le député du no 20 revient bien vite à la charge lors d’une question sur Prakash Maunthrooa. Mais il est coupé dans son élan par l’arrivée de Kalyan Tarolah. Bhagwan se rebiffe, expliquant à haute voix qu’il n’a pas envie de poser de question en présence du député sexteur. «Al to lakaz, manze pa pou kapav manze la», ordonne l’ancien ministre du MMM.

Paul Bérenger et Shakeel Mohamed lui prêtent main forte. Evoquant l’hygiène des toilettes. Un lieu d’où le député MSM aurait pris et envoyé une photo osée à une jeune femme. Face au déferlement, Tarolah demeure détendu et souriant. «E ale!» lance-t-il en direction de ses détracteurs. Les membres du gouvernement ne se bousculent pas pour voler à son secours.

La demi-heure réservée à la PMQT prend fin pour laisser place aux questions adressées aux ministres. Avant que la Speaker ne suspende la séance pour le déjeuner.

Les députés sortent de l’hémicycle. Tarolah est debout à sa place, au fond des travées du gouvernement à côté du couloir où transitent les membres de la majorité pour sortir du Parlement. Presque tous les ministres et députés sortent sans saluer l’élu du MSM. Anwar Husnoo, le ministre de la Santé, se montre toutefois affable et échange une brève poignée de main avec l’élu de Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est.

Tarolah regarde les autres membres du gouvernement passer sans lui prêter attention. Arrive SAJ. «E tonn vini ta!?» lance-t-il, tout sourire, à Tarolah en lui serrant la main. Les deux hommes sortent ensemble du Parlement en discutant.

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