Beaucoup d’encre a déjà coulé sur les photos de Navin Ramgoolam publiées par l’express. Après l’article-teaser d’hier, le quotidien de référence du pays, nous révèle aujourd’hui ‑ et au bout d’un suspense intenable de 24 heures ‑ que c’est bien avec Nandanee Soornack que le Premier ministre fait la fête. Le « droit à l’information » triomphe. « La liberté d’informer le public sur un débat d’intérêt général : quels sont les liens entre le pouvoir politique et le monde des affaires ? » est sauve.

En révélant les clichés pris lors d’une soirée privée, l’express a ainsi établi sans l’ombre d’un doute que le Premier ministre et Nandanee Soornack sont très proches. Au point de se lancer à deux dans un sega « anba anba ». Les quelques clichés publiés ont, à eux seuls, aidé des milliers de mauriciens à comprendre « les liens entre le pouvoir politique et le monde des affaires ». Une mission au service de l’intérêt général digne d’être saluée !

Une mise en perspective du feuilleton Soornack permet toutefois d’analyser ce « scoop » d’un autre angle. Car les faits suivants sont établis :

  1. Nandanee Soornack s’est elle-même projetée dans la sphère publique et suscité l’intérêt des médias en jouant un rôle actif lors d’un incident le jour du dépouillement des votes après les élections municipales de décembre 2012.
  2. L’ascension fulgurante de cette femme dans le monde des affaires a fait l’objet de nombreux articles fin 2012 et début 2013.
  3. Il a été démontré qu’elle entretient des relations d’affaires privilégiées avec un proche du Premier ministre : l’homme d’affaire Rakesh Gooljaury.
  4. La requête de Nandanee Soornack d’interdire à la presse de parler de sa vie privée et la décision subséquente de la Cour Suprême de ne pas y faire droit [exception faite du cas de son enfant mineure] a conduit des journalistes à enquêter davantage et à conclure qu’elle entretient une relation très spéciale avec Navin Ramgoolam.
  5. Ce constat a ensuite permis à des publications de démontrer que la proximité de Nandanee Soornack avec le Premier ministre a joué un rôle déterminant dans son ascension fulgurante dans le monde des affaires et notamment à l’aéroport.

Le droit à l’information et l’intérêt général dictent à toute publication de fournir à ses lecteurs des éléments d’information pouvant leur permettre de mieux comprendre la société, le système politique ou économique dans lequel ils évoluent. Or, on a beau chercher en quoi l’article d’hier et d’aujourd’hui ont contribué à fournir des faits nouveaux aux lecteurs; mais on peine à trouver.

A moins que ce qu’il fallait démontrer, en publiant les clichés de Ramgoolam c’est que :

  1. Le Premier ministre sait danser
  2. Il sait aussi taper sur un djembe
  3. Il lui arrive de danser avec une personne dont il est très proche lors de soirées privées.

C’est un peu court pour justifier une fanfaronnade sur l’intérêt général et le droit à l’information. C’est très à propos, toutefois, pour conclure qu’une dose de sensationnalisme et une bonne approche marketing peut aider à faire vendre du papier !

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