En grande discussion, Etienne Sinatambou et Anil Gayan arrivent dans l’hémicycle. Le ministre de la Sécurité sociale et celui du Tourisme déposent leurs affaires sur leurs pupitres et s’apprêtent à repartir. Sinatambou s’attarde un peu. Il prend le temps de saluer les journalistes. Brandissant ses poings, il plaisante sur sa «mission» de donner le change face à l’opposition. Les deux compères ressortent.

Ashit Gungah est détendu, même s’il doit répondre à la Private Notice Question (PNQ) du jour. Il discute avec son voisin, l’Attorney General Maneesh Gobin. Rajanah Dhaliah, le directeur de la State Trading Corporation, venu prêter main forte au ministre du Commerce, va, lui, saluer brièvement sir Anerood Jugnauth (SAJ).

Gungah se concentre sur ses dossiers mais prend néanmoins le temps de discuter de temps à autre avec Mahen Seeruttun. Pendant que Pravind Jugnauth gagne sa place et salue discrètement SAJ avant de s’asseoir.

Non loin de là, fidèle à son habitude, Salim Abbas Mamode fait la causette avec un membre du gouvernement. Ce mardi, c’est la franche rigolade entre l’élu du PMSD et le ministre du Travail Soodesh Callichurn

La sonnerie signifiant le début des travaux du jour retentit, pendant que les députés du PMSD s’empressent de gagner les travées de l’opposition. Xavier Duval lit sa PNQ. En face, Ashit Gungah semble prêt à bondir.

Le ministre déroule sa réponse pendant les trois premières minutes puis s’attire les protestations de Shakeel Mohamed. Le chef de file des travaillistes au Parlement invoque un point of order. Selon lui, le ministre s’en prend à Betamax alors qu’aucun de ses représentants n’est au Parlement pour se défendre. «Travayis sa! To kamarad sa», tancent les députés de l’opposition.

La Speaker donne toutefois raison au député rouge et demande au ministre de s’en tenir aux faits sans se livrer à un procès d’intention. Enhardi, Shakeel Mohamed demande du coup à Gungah de retirer ses propos. Celui-ci refuse. Reprenant sa réponse, le ministre lance à nouveau des piques en direction de Betamax. «Ala li rekoumanse !» se désole l’élu de Port-Louis Maritime/Est. Xavier Duval et Paul Bérenger soutiennent la position du travailliste.

Maya Hanoomanjee rappelle à nouveau les députés à l’ordre. Assis, Gungah hoche les épaules histoire de bien montrer qu’il ne comprend pas de quoi on l’accuse. Il se relève pour poursuivre sa réponse. Non sans accuser, cette fois-ci, Betamax de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement. «Abe sa mem inn fer!» acquiesce Pravind Jugnauth

En face, Xavier Duval a étalé toute sa documentation sur son pupitre et s’apprête à se lancer dans une série de questions supplémentaires. Le chef du gouvernement, plongé dans ses notes, prête néanmoins attention à ce que dit son ministre. Il ne manque pas d’intervenir à l’occasion. Il réagit ainsi après une nouvelle pique de Gungah contre Betamax. «Bann kriminel, to kamarad sa», lance-t-il à Shakeel Mohamed. La réponse fuse des rangs du PMSD : «Ta pinocchio, res trankil twa.»

Xavier Duval n’est pas en reste. «Komision pe marse la!?» nargue-t-il, pendant qu’Ashit Gungah répond à une question supplémentaire. Mahen Jhugroo prend ombrage du commentaire. «To’nn bien manze bwar ek Bhunjun twa», accuse le ministre.

Ce dernier est moins éloquent quand il évoque la décision de la cour de justice de l’Etat indien du Karnataka. Voyant Gungah s’y prendre à trois fois pour prononcer le nom, le leader du MMM plaisante. «Pa zoure la hein !» Le ministre reste droit dans ses bottes et poursuit sa réponse pendant que Pravind Jugnauth lui souffle de temps en temps des éléments de réponse.

Gungah est sûr de lui, toutefois, quand il affirme que le pays ne risque pas une pénurie de carburants. Insistant sur les «arrangements made» pour s’assurer de cela. «What arrangements?» interrompt Adrien Duval, particulièrement querelleur ce mardi 5 décembre. La Speaker le rappelle d’ailleurs à l’ordre pour avoir interrompu le ministre mais aussi… le leader de l’opposition.

Xavier Duval s’intéresse au stock d’essence et demande au ministre de répondre à sa question en disant la vérité. Le commentaire ne plaît pas du tout au ministre mentor. «He is not telling the truth? Ale do foutour!» lance-t-il au leader des bleus. «Bann kriminel», renchérit Pravind Jugnauth.

Gungah est plus détendu. Duval accuse le gouvernement d’incompétence, le ministre sourit et fait mine de ne pas entendre ce qu’il dit. Quelques instants plus tard, il dit ne pas comprendre pourquoi le leader de l’opposition défend Betamax. «Ki ena pou konpran ladan?» s’emporte Adrien Duval. Pendant ce temps, Gungah évoque la proximité du leader du PMSD avec Veekram Bhunjun, le patron de Betamax. Duval se lève pour demander au ministre de retirer ses propos. «Kan ena pou withdraw, mwa mo withdraw», rappelle-t-il. Gungah obtempère.

La PNQ se termine par une suggestion de Duval : l’institution d’une commission d’enquête sur Betamax. Le ministre s’étonne de cette suggestion «out of the blue». Duval en rigole : «Blue is a good idea!» La PNQ achevée, Gungah quitte l’hémicycle entouré de ses proches collaborateurs.

C’est sur une question sur la déclaration des avoirs que le gouvernement et l’opposition s’encanaillent à nouveau. En répondant, Jugnauth s’emmêle les pinceaux en expliquant que son gouvernement dispose de 3 ans supplémentaires pour mettre en œuvre son programme. «Deux !» corrigent illico des députés de l’opposition. Paul Bérenger en rajoute: «Deux mois !» Ce qui lui vaut immédiatement un commentaire de Pravind Jugnauth qui l’encourage à «aret reve».

Le ministre du Logement et des terres se joint à la mêlée. «Aret reve, to strese», dit-il à Rajesh Bhagwan. Celui-ci le reprend : «An tou ka, to pa pou la, twa.» L’échange débouche sur un brouhaha qui contraint la Speaker à intervenir.

On passe à une autre question, sur les smart cities, et SAJ semble toujours aussi contrarié. «Ale do ta foutour», tonne-t-il. Le député mauve de Beau-Bassin/Petite-Rivière n’apprécie guère la remarque. «Pa dir mwa foutour hein! Si ou fatige, al lakaz. E mo pa ou piti, mwa!». SAJ regarde ailleurs.

Paul Bérenger n’en a pas fini, par contre. «Swa to zoure, swa to dormi», lance-t-il au ministre mentor. «Enn li zoure, enn li dormi» rajoute-t-il en faisant référence à SAJ et à Ivan Collendavelloo. De sa place, Shakeel Mohamed encourage Bhagwan : «Rajesh, dir li withdraw.» Ce qui contraint à nouveau Maya Hanoomanjee à rétablir l’ordre.

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