Le Kolektif Drwa Zanfan Morisien est choqué d’apprendre, à travers les différents articles parus dans la presse, le cas de deux détenus mineurs retrouvés nus, au Correctional Youth Centre.

Maurice a ratifié plusieurs conventions impliquant le respect des droits et la protection des enfants. Nous déplorons, par conséquent, fortement cette situation.

L’Ombudsperson for Children a plus d’une fois pointé du doigt les conditions prévalant au Rehabilitation Youth Centre et au Correctional Youth Centre.

De par ce qui a été dit et écrit à propos de cette situation décriée, nous constatons que l’article 7 de la Constitution de Maurice, de multiples articles de la Convention des droits des enfants (CRC) et l’article 1 de la Convention contre la torture (UNCAT) n’ont pas été respectés. Et l’Etat mauricien est signataire de ces conventions !

Selon certaines sources, l’un des deux mineurs est atteint de troubles psychiatriques et a déjà séjourné à l’hôpital Brown-Séquard. Sa place n’est-elle pas ailleurs qu’en prison pour une réelle prise en charge adaptée ? Un bilan psychiatrique et psychologique a-t-il été fait au préalable, notamment s’il a déjà été en hôpital psychiatrique ? Dans ces situations, la prison n’est absolument pas appropriée, mais c’est un accompagnement médical et thérapeutique de qualité qui aiderait ce mineur.

Quel suivi médical et psychologique est-il fait dans ces instances ?

Les jeunes en détention en bénéficient-ils pour une prise en charge de qualité ?

Un bilan pourrait-il être fait avant toute incarcération, si elle doit se faire et pendant ce temps ?

Nous saluons le travail du National Preventive Mechanism (National Human Rights Commission) et du bureau de l’Ombudsperson for Children. Deux institutions que nous remercions pour leur engagement. Nous demandons que lumière soit faite dans cette affaire, dans l’intérêt des enfants mauriciens, et notamment en prenant encore plus en considération ces mineurs en conflit avec la loi qui ont besoin d’une attention particulière pour une réelle réhabilitation et réintégration.

Un enfant fait mieux quand il se sent mieux, selon Jane Nelsen, fondatrice de la discipline positive. Prenons soin de nos enfants de la République de Maurice. Traitons-les avec fermeté ET bienveillance. Peu importe les actes commis, ils restent des êtres humains dignes de respect et de considération.

Nous lisons avec tristesse certains commentaires en lien avec des articles de presse relatant les traitements infligés à ces enfants, traitements auxquels semblent adhérer certains… Or il est fondamental de se questionner autour de la fonction des comportements des enfants. Pourquoi sont-ils en conflit avec la loi ? Qu’est-ce qu’ils essaient de dire ? Faute de parvenir à mettre leur vécu et ressentis en mots, ils le mettent en acte. Ouvrons les yeux et nos cœurs à ce qui se passe dans leur vie.

Par ailleurs, en marge de ces événements regrettables, le KDZM tient à rappeler l’importance de réfléchir aux peines alternatives, avec tous les acteurs concernés. Le recours aux travaux communautaires ou au placement en famille d’accueil professionnelle et spécialisée pourrait se révéler plus efficace (en termes de récidive) et moins coûteux… L’incarcération n’est ni le seul, ni le meilleur mode de réhabilitation et de réinsertion sociale des mineurs en conflit avec la loi.

Enfin, le KDZM réitère la nécessité que les décisions concernant les mineurs en conflit avec la loi soient prises par des magistrats spécialisés, du type juges pour enfants, et que les officiers chargés de la réhabilitation des mineurs soient dûment qualifiés pour cette tâche, avec une évaluation de leurs performances. En plus, bien naturellement, d’un suivi individuel social et psychologique de la progression de chaque jeune, lors de sa peine, selon des objectifs fixés par une juridiction spécialisée pour les mineurs.

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