C’est un secret de Polichinelle. Si officiellement, les discussions entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger sont rompues, en coulisses, les deux hommes se sont régulièrement parlé, directement mais aussi par émissaires interposés. Depuis hier soir, toutefois, un nouveau froid s’est installé entre le leader du MMM et le Premier ministre.

La raison ? L’un reprocherait à l’autre de n’avoir pas tenu sa langue sur la teneur de leurs discussions, notamment sur la délicate question de la IIRépublique. Le 23 avril dernier, c’est un article d’ION News qui avait fait « inpe dega », de l’aveu même d’une des personnes participant aux négociations. Cette semaine, c’est un article paru dans Le Mauricien et, moindrement, quelques bribes d’information dans l’express qui auraient fait monter la moutarde au nez de l’un des interlocuteurs.

Celui-ci s’est empressé de quasiment intimer à son « partenaire » en puissance l’ordre de tenir sa langue. Réponse du berger à la bergère : j’ai le droit de tenir mes hommes informés de ce que je fais ! Mais livrer trop d’information, dans une phase aussi délicate, peut s’avérer problématique. En effet, à chaque fuite dans la presse, Bérenger, et surtout Ramgoolam, feraient l’objet d’une série de questions, voire de contestations sur leurs stratégies de négociations. « Pour négocier en paix, négocions cachés » semblait donc être le mot d’ordre.

Les choses allaient tellement bien que depuis mardi, la possibilité d’une prorogation du Parlement était évoquée avec insistance. Ramgoolam aurait eu recours à cette procédure parlementaire pour deux raisons. Pour gagner du temps, en reportant les travaux parlementaires sans devoir rappeler le Parlement. Mais aussi pour permettre au MMM de ne pas se retrouver dans une position délicate où le MMM négocierait avec le PTr en coulisses tout en faisant semblant d’opposer fermement le gouvernement au Parlement.

C’est donc reparti pour une nouvelle période de froid. Qui devrait se traduire par un durcissement des propos de Paul Bérenger à l’égard de Ramgoolam dès la fin de son bureau politique de ce soir. Mais les deux leaders ont démontré jusqu’ici une étonnante capacité à mettre de côté leurs différends passagers pour tenter de trouver un terrain d’entente sur les deux réformes. Si Bérenger passe à l’attaque tout à l’heure, on saura alors qu’un raccommodement n’est pas à l’ordre du jour. Si le leader mauve épargne une nouvelle fois Ramgoolam, on saura que les discussions ont probablement repris.

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