Bashir Mungroo est satisfait d’avoir permis d’assainir la situation au sein de l’Association mauricienne de badminton (AMB). Ce, même si ses pairs l’ont expulsé pour avoir dénoncé Raj Gaya. L’homme derrière la chute de cet ancien président de l’AMB ne comprend toujours pas comment le Central Criminal Investigation Department (CCID) et l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) n’aient toujours pas établi que ce dernier ait détourné et volé des fonds alors que la Fédération mondiale de badminton (FMB) vient de le radier à vie tout en le condamnant à une amende de 50 000 dollars.

Raj Gaya été reconnu coupable mercredi de malhonnêteté et de détournement de fonds de la FMB – où il a occupé de hautes fonctions dix-neuf ans durant – destinés à l’Association mauricienne de badminton (AMB), à l’athlète Kate Foo Kune pour sa participation aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro et à l’arbitre international mauricien Hassenkhan Hyderkhan pour un tournoi organisé à Maurice. De même que pour la promotion de cette discipline dans les écoles primaires mauriciennes.

Ancien secrétaire-général et ancien trésorier de la Confédération africaine de badminton (CAB), Raj Gaya a profité des failles de contrôle pour se remplir les poches. Il dirigeait l’argent destiné à la FMB et autres vers son compte bancaire personnel. Des doutes persistaient quant à son petit jeu, mais fautes de preuves, personne n’a trouvé à y redire. Jusqu’à ce que Bashir Mungroo, alors président de l’AMB, ne soit mis en présence de documents falsifiés portant sa signature et qui ont été présentés par Raj Gaya au FMB et à la CAB pour des demandes de remboursements.

Entre 2011 et 2017, plus d’un million de dollars ont transité par son compte, mais l’AMB n’a perçu que 154 039 dollars selon l’ensemble des documents falsifiés qu’il a soumis à la CAB lorsqu’une autre enquête a été ouverte contre lui y a quelques mois. Il a aussi pompé l’argent destiné à la Fédération de badminton d’Afrique du Sud grâce au même stratagème. En 2016, une fausse lettre de l’AMB portant la signature de Bashir Mungroo adressée à la FMB explique que les fonds doivent être dirigés vers le compte personnel de Raj Gaya en raison de soucis avec le compte de l’association qui ne pouvait recevoir de l’argent de l’étranger…

Lorsque la CAB l’a interrogé à ce sujet, Raj Gaya a explique que c’était une stratégie pour éviter que le gouvernement ne cesse de financer l’AMB. Quant à Bashir Mungroo, il pensait dur comme fer la CAB n’envoyait pas des fonds à Maurice, jusqu’à ce qu’on ne mette la puce à l’oreille au sujet de «sa» fameuse lettre dans laquelle «il» prie cette instance de verser l’argent destiné à l’AMB sur le compte personnel de… Raj Gaya.

Acculé, Raj Gaya a questionné l’enquête ouverte contre lui par la FMB. Il a refusé de fournir ses relevés bancaires, disant craindre qu’ils ne soient fuités… dans la presse mauricienne. Il a aussi indiqué avoir utilisé l’argent pour des dépenses liées au badminton, de même que pour des «raisons politiques», histoire de rallier les Africains en sa faveur. L’enquête a démontré qu’il a non seulement fait des demandes «exagérées» de remboursement à travers des documents falsifiés, mais qu’il a offert des contrats à une société dirigée par un proche de son ex-épouse et qui est aussi son partenaire d’affaires.

Il a refusé de collaborer à l’enquête de la FMB, n’a pas répondu aux appels et aux messages via WhatsApp, ni n’a-t-il répondu aux courriels et aux courriers qui lui ont été adressés. Il a prétendu qu’il ne pouvait fournir des documents pour expliquer comment les fonds transitant par son compte personnel ont été dépensés, ayant tout brûlé lorsqu’il a décidé de prendre ses distances de cette discipline…Il s’est tout bonne servi dans la caisse.

Entre autres, des joueurs participant à une compétition internationale à Maurice n’ont pas été rémunérés, les dépenses liées à la promotion du badminton dans les écoles primaires ont été gonflées pour réclamer davantage de sous à la FMB, des volants n’ont pas été achetés pour ce programme, mais des réclamations ont été faites à l’instance internationale. La liste s’allonge : sur les 21 485 dollars alloués à l’AMB dans le cadre de la qualification des badistes pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016, 18 000 dollars devaient revenir à la représentante mauricienne Kate Foo Kune.

La jeune femme n’a perçu que 600 dollars seulement après qu’elle ait fait part de ses récriminations auprès de Raj Gaya. 5 000 dollars devront être prélevés de l’amende pour la rétribuer Kate Foo Kune. Une somme additionnelle de 600 dollars devra être versée à Hassenkhan Hyderkhan, l’arbitre officiant à la compétition internationale qui devait toucher 3 485 dollars. Raj Gaya lui avait fait croire qu’un arbitre officiant dans son pays natal ne touchait rien…

L’AMB, la FMB et la CAB annoncent qu’ils vont désormais étudier la possibilité de se tourner vers les tribunaux pour récupérer l’argent volé. Une enquête devrait de nouveau être ouverte au niveau de la Commission anti-corruption qui s’était déjà penché sur le cas de Raj Gaya par le passé, mais qui n’a pu aller plus loin, fautes de preuves. Une enquête devrait également être diligentée par la Mauritius Revenue Authority (MRA). Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Stephan Toussaint, va rencontrer les dirigeants de l’AMB dans les jours qui viennent pour passer ce scandale en revue.

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