«Nous avons peur..» Installé à Canberra, Babé Mahasing craint les effets de la fumée émanant des incendies qui ravagent l’Australie depuis plusieurs semaines. «Nous avons beaucoup de difficulté à voir et à respirer», raconte-t-il en révélant qu’il se réveille chaque matin en s’attendant au pire. «Cette fumée est tantôt noire, tantôt grise. Cette situation nous fend le cœur. Il est difficile de se dire si nous sommes suffisamment à l’abri», poursuit le Mauricien.

Eric Mootoosamy, lui, a dû évacuer la villa du Conjola Natural Park qu’il occupait avec sa petite famille le 31 décembre au sud du pays. Le réveillon a viré au cauchemar lorsque le vent s’est mis à souffler dans la direction opposée. Il a été forcé de prendre le volant pour se diriger vers le centre de Sussex Inlet alors qu’une fumée épaisse rendait la visibilité sur la route difficile. Comme un malheur ne vient jamais seul, toutes les routes étaient fermées en raison de l’incendie. «Cette expérience restera gravée dans nos mémoires», dit-il.

Coupés du reste du monde et dans l’impossibilité d’entrer en contact avec ses proches, Eric Mootoosamy a pu compter sur sa belle-sœur Hishana et son époux Himanshu, Mauriciens comme lui, pour les rassurer. «Ils étaient en liaison avec les autorités et pouvaient informer nos proches de l’évolution de la situation», raconte-t-il.

Alors que le monde entier célébrait la nouvelle année, sa femme et lui-même ont dû faire la queue pour un repas. « Ce n’est que tard dans la soirée du 1er janvier que nous nous avons appris que la route sera rouverte le lendemain», explique-t-il tout en racontant qu’il voyait des kangourous fuir à travers l’épais rideau de fumée alors qu’il rentrait à Sydney.

À Sydney, Sharon Latour a vécu des journées qu’elle qualifie de terrifiantes. «Le soleil est orange et il y a de la brume partout. Deux semaines durant, je ne pouvais m’arrêter de tousser», relate-t-elle. Le plus désolant, pour elle, est la disparition des sites de vacances. «La fumée a eu un impact négatif sur les plages et les maisons de vacances», dit-elle. Cette habituée de Nouvelle Galles du Sud n’a pas pu profiter des vacances comme plusieurs Australiens. «C’est la première que nous nous retrouvons dans l’impossibilité de prendre la route», fait-elle ressortir.

La famille Seewoolall, qui est du Sud de Maurice, est quand même partie en vacances au pays des Kangourous malgré la situation. «Nous avons roulé pendant 20 km, de Sydney à Canberra, avec un masque collé au visage», raconte le père. «Nous avions beaucoup de peine à respirer, il y avait beaucoup de fumée et il était difficile d’y voir à travers», explique Jeshna qui se dit attristé par le fait que des millions d’animaux ont perdu la vie dans le brasier.

Son père raconte que même s’ils se sont finalement rabattus sur Melbourne, il a préféré jouer la carte de la prudence. En écoutant les informations. «Quand la qualité de l’air ne pose pas problème, nous sortons», ajoute-t-il tout en avouant qu’il est difficile de faire un selfie devant le rideau de fumée, car c’est un «évènement sombre de l’histoire».

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