[Mise à jour] Voir plus bas les idées de recette de méduses

40 000 tonnes. Qui pourraient rapporter environ Rs 200 millions annuellement à des producteurs locaux d’ici trois ans. Tout cela, pour un investissement initial de quelque Rs 20 millions. C’est la conclusion d’un rapport d’experts vietnamiens remis au gouvernement en début d’année. L’équipe, composée de deux spécialistes en aquaculture et d’un économiste, assure que Maurice a des atouts décisifs pour la production à grande échelle de méduses comestibles dans des fermes marines.

Les plus téméraires d’entre vous ont sans doute tenté d’en manger dans les restaurants chinois du pays et dans les destinations du Sud-Est asiatique. La méduse y est considérée comme un mets de choix par de nombreux chefs qui l’accommodent de différentes manières pour des gourmets exigeants.

Voyant le potentiel de ce secteur d’activité, le gouvernement a mis en place un comité de travail regroupant des officiers de plusieurs ministères ainsi qu’une équipe de l’Economic Development Board afin de mettre sur pied une ferme pilote d’ici septembre. L’objectif étant de démarrer une première production dès l’été 2019-2020.

Selon une source au ministère des Finances, Pravind Jugnauth pourrait même annoncer des mesures incitatives pour ce secteur dans son prochain discours du Budget. Notamment à travers un financement préférentiel des prêts pour mettre en place des fermes dédiées à cette espèce marine. Les actuels détenteurs de permis pour l’élevage de concombres de mer et de poissons sont d’ailleurs fortement encouragés à opter pour ce type de production. L’un deux aurait d’ailleurs déjà abandonné son projet de concombres de mer pour l’élevage de méduses.

Ayant effectué des prélèvements et des mesures de salinité et de régime des marées et des courants autour de l’île, les experts vietnamiens ont conclu que les régions de Mon Choisy, Pereybère, Flic-en-Flac et Belle-Mare sont les plus indiquées pour l’élevage de ces invertébrés marins. Car ils s’épanouissent mieux et grandissent plus vite dans des eaux calmes.

Ce ne sont toutefois pas les petits box jellyfish, communément appelés lagratel à Maurice, qui seront élevées dans les fermes. Cette espèce de méduse envahit, en effet, régulièrement nos plages. Venimeuse mais non mortelle, elle fait de nombreuses victimes parmi les baigneurs dans l’île tout le long de l’année.

Ce sont les cannonball jellyfish dont le diamètre peut atteindre les 25 cm pour un poids de 300 g qui sont considérées comme les plus aptes à être élevées en captivité à Maurice. Le Mexique, qui pêche cette espèce native de l’océan Pacifique sur une base commerciale, transforme et exporte l’équivalent de 20 000 tonnes de méduses par an. Ce qui rapporte environ USD 3,5 millions (Rs 120 millions) chaque année.

Le rapport d’experts estime que Maurice peut produire deux fois plus que le Mexique d’ici 2022. Ce qui ferait du pays le premier producteur mondial de méduses. Le document estime qu’une ferme de taille moyenne nécessitera un investissement total de Rs 5 millions et pourrait produire 6 000 à 8 000 tonnes en deux récoltes annuelles. L’équipe vietnamienne estime que chacune des régions identifiées dans l’île pourrait accueillir jusqu’à 2 fermes marines de méduses.

Une page du rapport de 48 pages est dédiée aux craintes liées à la présence de requins autour de fermes d’élevage de poissons. Les auteurs précisent que la méduse ne figurant pas au régime des squales, l’élevage de cet animal ne pose aucun problème pour le tourisme.

Par ailleurs, le cannon jellyfish ne sécrète qu’une toute petite dose de venin qui ne nuit qu’aux petits poissons. La toxine ne cause pas de problèmes cardiaques chez l’homme que si la méduse est consommée crue. Elle est soit séchée ou confite avant d’être cuisinée.

Par contre, les experts avertissent que la cannonball jellyfish est très appréciée des tortues. Notamment la tortue imbriquée, qui fréquente nos eaux. Ils estiment ainsi que cette espèce de tortue pourrait pulluler à Maurice et séjourner en grand nombre autour des fermes de méduses afin de se nourrir de celles qui s’échapperaient de leurs cages.

Les experts préviennent aussi que ces tortues pourraient devenir agressives, car les études ont démontré que la concentration de la toxine de la cannonball jellyfish peut provoquer des sautes d’humeur chez la tortue imbriquée. Dont le bec peut causer des morsures douloureuses chez le baigneur. Le rapport rappelle toutefois que s’il y a eu 101 attaques de requins, dont six fatals, en 2018 dans le monde, seuls quelques plongeurs indélicats se sont fait becqueter par des tortues qui voulaient surtout qu’on les laisse tranquilles.

Photo de Toshihiro Gamo prise dans l’aquarium d’Enoshima au Japon

 

 

 

 

 

 

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