Une dizaine de journalistes algériens qui ont participé avec une centaine de collègues à un rassemblement dans le centre d’Alger pour protester contre la censure qui leur est imposée par leurs patrons proches du régime d’Abdelaziz Bouteflika ont été arrêtés ce jeudi 28 février. Appartenant à des médias publics et privés, ils s’étaient réunis en fin de matinée sur la « Place de la Liberté de la presse » pour dénoncer les pressions de leur hiérarchie à passer sous silence le mouvement de contestation qui se répand en Algérie.
Ce pays connait depuis près d’une semaine un mouvement massif de contestation dans le sillage de l’annonce que le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, et qui n’a fait que de brèves apparitions publiques ces dernières années en raison de sa santé défaillante va se porter candidat pour un cinquième mandat. Les média audiovisuels publics et privées étant contrôlés par des hommes d’affaires proches du pouvoir, ont décidé de faire l’impasse sur tout ce qui peut nuire à l’image d’Abdelaziz Bouteflika.
Des journalistes de la radio nationale algérienne, souligne l’AFP, ont même dénoncé l’absence de neutralité à l’antenne, soit le «traitement exceptionnel» réservé au camp du président Bouteflika et celui «restrictif de l’opposition». Reporters sans Frontières (RSF) a affirmé mercredi que les autorités algériennes mettaient «tout en œuvre pour museler les médias» voulant couvrir le mouvement de contestation actuel, et a dénoncé des «interpellations, agressions, interdiction de couvrir, confiscation de matériel, pressions sur les médias publics et ralentissement du réseau internet…».
Depuis le 22 février 2019, indique RSF, plusieurs journalistes ont été empêchés de couvrir ces événements, alors que d’autres ont été violemment agressés par les agents de police. Face à la pression des forces de l’ordre, d’autres ont dû supprimer leurs photos. Samedi, Meriem Abdou journaliste et rédactrice en chef à la Radio Chaîne 3, une radio publique, a annoncé sur les réseaux sociaux sa démission afin de protester contre l’absence de couverture médiatique par la radio des manifestations de la veille.
La journaliste qui a déclaré se consacrer désormais uniquement à son émission «L’histoire en marche» a aussitôt été avertie que l’émission n’est plus d’actualité. Algérie Telecom, de son côté, dément être à l’origine des coupures internet.

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