L’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) et les services de douane de la Mauritius Revenue Authority (MRA) ont beau être à couteau tirés, ils s’entendent cependant sur les 16 kilos «manquants» parmi les 135 kilos d’héroïne saisis le 4 mars 2017 dans la zone portuaire. La veille, grâce aux informations transmises par les services de renseignement des prisons, ils avaient monté une opération pour fouiller une cargaison arrivée sur le MSC Ivana et destinée à Navind Kistnah.

Dans six boîtes en bois, ils ont trouvé six sableuses à pression en métal qu’ils ont dû découper avec une meuleuse – «grinder» – dans lesquelles 135 paquets de drogue pesant un kilo chacun ont été découverts. Cet exercice a nécessité l’utilisation d’eau car la drogue était emballée dans une matière susceptible de prendre feu, expliquent des enquêteurs. C’est donc des emballages imbibées d’eau qui ont été pesées par les deux services qui se sont vite empressés de signaler cette saisie record d’héroïne dont la valeur marchande est estimée à plus de Rs 2 milliards.

En présence d’un gros contingent du Groupe d’intervention de la police mauricienne (GIPM) et des officiers de l’ADSU, ce stock a été pesé six jours durant par les experts de la police scientifique, le Forensic Science Laboratory (FSL), sur des appareils calibrés et répondant aux normes internationales. Le «gross weight» de l’héroïne a été établi à 123 kilos pour un «net weight» de 119 kilos. Mis à part des prélèvements pour établir sa pureté, la drogue a été restituée à l’ADSU.

A l’Assemblée nationale mardi, le ministre mentor, sir Anerood Jugnauth, a fait comprendre au député de l’opposition Adil Ameer Meea qu’il ordonner l’ouverture d’une enquête par un ex-juge de la cour suprême pour déterminer comment le poids de la drogue saisie est passé de 135 à 119 kilos. «I have asked for explanation thereon from the Commissioner of Police and I wish to state that I am personally not satisfied with same, » a-t-il fait ressortir.

«Il faudra déterminer si le chiffre de 135 kilos a été avancé pour obtenir une plus grosse récompense», explique un spécialiste de la lutte antidrogue. «On ne sait pas non plus si la balance qu’ils ont utilisée était calibrée,» souligne-t-il tout en estimant que les douaniers et les policiers sont sans doute allés vite en besogne en annonçant cette saisie. Reste aussi à vérifier ce qui est advenu des deux autres saisies de 20 et de 2 kilos liés à l’affaire Kistnah. En attendant, les services de douane ont également ouvert une enquête sur les 16 kilos «manquants».

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