La stigmatisation a encore de beaux jours devant elle. Le personnel des établissements de santé publique ne fait pas grand cas des personnes souffrant du VIH/Sida. Au moins un Mauricien sur trois vivant avec cette maladie révèle que les services de santé ont refusé de les traiter alors que la confidentialité autour de leur statut a été divulguée sans leur consentement. C’est qui ressort du rapport annuel de l’UNAIDS, le Programme des Nations unies sur le VIH/Sida (ONUSIDA), publié il y a une semaine en marge de la Conférence internationale sur le sida, à Amsterdam.

Si cette situation perdure 31 ans après le recensement des premiers cas de VIH/Sida, c’est parce que certains médecins et autres membres du personnel soignant refusent de soigner des patients atteints du VIH/Sida par crainte d’être infectés, indique une source proche du ministère de la Santé. Quant au manque de confidentialité, c’est surtout des infirmiers qui signalent à des collègues si le patient est atteint du VIH/Sida.

«On a des soucis avec la confidentialité et les prises en charge… Les personnes vivant avec le VIH/sida paient une triple peine : se battre contre un virus qui peut les tuer, faire face à la stigmatisation attachée à ce virus et la criminalisation quand elles sont consommatrices de produits psychoactifs ou travailleuses du sexe», explique Nicolas Ritter, directeur et fondateur de l’association Prévention, information et lutte contre le Sida (Pils).

La posture du gouvernement de l’Alliance Lepep face au VIH/Sida depuis son arrivée au pouvoir contribue également à la propagation de la maladie, estime Nicolas Ritter. «Le nombre de décès a augmenté, alors que la prise en charge est en déclin. Pourtant, Maurice a été parmi les premiers pays africains à mettre en place des programmes de réduction de risque, l’échange de seringues, à introduire le traitement d’antirétroviraux gratuitement et l’accès à la méthadone», dit-il.

«L’Alliance Lepep a mis à mal la lutte contre le VIH/Sida en plaçant le National Aids Secretariat sous le ministère de la Santé, en démantelant la Natresa – la National agency for the treatment and rehabilitation of substance abusers (Ndlr) – et en arrêtant le programme de désintoxication grâce à la méthadone», analyse Nicolas Ritter. «Cette situation a eu un impact sur la reprise des contaminations. Elles ont augmenté de 30% de 2016 à 2017. Nous sommes dans une situation pas très flatteuse», ajoute-t-il.

Nicolas Ritter se trouve actuellement à Amsterdam où des représentants de l’Etat mauricien brillent par leur absence. Le ministre de la Justice Maneesh Gobin, qui devait s’y rendre, a annulé sa participation. Pils est représentée par Ritter et deux autres personnes. Deux membres de la Young Queer Alliance participent également aux échanges.

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