Le Front commun des artistes appelant à refuser de jouer au grand concert des célébrations du 12-Mars pour dénoncer l’apathie et la « mollesse » du ministère des Arts et de la Culture est une arme à double tranchant. Car au-delà de la contestation et des revendications rationnelles du Front, il y a pour certains quelque chose de plus fort que la passion pour leur art et leur engagement pour leur métier : l’ARGENT.

Et ils seront beaucoup, trop même, à se présenter au bureau du ministère des Arts et de la Culture « pou rod zot bout » au prix fort dans les jours à venir. Si bon nombre d’artistes phares ont affirmé leur solidarité à ce mouvement de boycott, ne soyons pas surpris que d’autres soient prêts à tous les coups, même les plus bas, pour avoir l’occasion de se produire le 12 mars avec un cachet plus conséquent que d’habitude.

D’aucuns affirment que les officiers de ce ministère s’activent pour convaincre des artistes de changer d’avis, de changer de bord à coups de sommes mirobolantes. C’est culturel chez nous, les transfuges et les vendus sont légion dans notre paysage. La politique est l’exemple flagrant de cette pratique. Et comme l’exemple vient d’en haut, ce ne serait pas une surprise si des artistes « phares » acceptent de jouer le jeu du transfuge ou du vendu.

Le Front commun des artistes est entièrement conscient de ce fait. Et on ne sera pas surpris de ce mouvement de désolidarisation pour quelques milliers de roupies, voire millions pour certains. Qui sait, le budget du 12 mars va peut-être doubler en quelques jours ? La question mérite d’être posée.

Si, comme le dit l’adage, tout homme à un prix, on verra bien le 12 mars, ou même avant, qui seront ces artistes prêts à vendre leur dignité pour du fric. Et sachez que je ne serai point étonné. Car la solidarité à 100% n’existe pas, l’argent contrôle le monde. Certains sont prêts à tout pour lui, d’autres non. Et c’est ça la différence entre ceux qui militent pour l’avancée de l’art et ceux qui le font pour l’avancement, à court terme, de leur compte en banque.

Ce choix, dans un contexte économique difficile, est complexe et dur à faire. Il implique de nombreuses choses : être persona non grata auprès du ministère des Arts et de la Culture ou du présent gouvernement. Etre traité d’antipatriote ou accusée d’agir dans son propre intérêt. Bref, persuader est un combat perpétuel, surtout quand l’autre est convaincu par l’amour du fric et se laisse berner par les promesses de l’Etat.

Mais sachez que malgré le volte-face de certains artistes, nous ne lâcherons pas le combat. Car pour nous, l’engagement envers l’Art est plus fort que le fric : la lutte ne se résume pas à un montant sur un chèque, mais à des actions concrètes pour l’Art et la Culture de notre pays.

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